Description : Les pensées d'Alain pour une demoiselle blonde.
Statut : terminé
Il la regarda une dernière fois avant de rentrer dans la caserne. Il avait le cœur lourd ce soir. Il avait le cœur lourd tous les soirs. Elle partait loin de la grisaille de Paris pour rejoindre un autre monde. Il n'aurait su dire si cela valait mieux ou pas mais chaque fois qu'elle franchissait ces grilles d'invisibles poignards lacéraient son cœur. Il était loin le temps où il détestait ce nouveau colonel, ce noble, ce pantin de la Cour. Il était loin le temps où il essayait de la détester de toutes ses forces maintenant il l'appelait en silence toutes les nuits. La blonde, la belle, la forte et fragile Oscar de Jarjayes.
Alain se retourna dans les quartiers des soldats. Leurs rires gras résonnaient dans la pièce et interrompaient sa rêverie. Ne pas penser à elle en ce lieu qui lui fait insulte. Il passa la porte et pendant un instant cru sentir son parfum. Il savourait avec émotion le souvenir du jour bénit qui l'avait vu franchir cette même porte dans un léger parfum de rose. Le parfum n'était sans doute que le fruit de son imagination mais il s'accrocha à cette pensée farouchement. Il se souvint de la cascade de boucles blondes, de la blancheur d'albâtre de sa peau, de ses yeux de saphir. Que pouvait bien faire un ange en ce lieu indigne de lui ?
Doucement il s'allongea sur son lit et fit mine de ne pas entendre les autres soldats l'appeler pour faire une partie de cartes. Il voulait encore savourer cet instant où son colonel n'appartenait qu'à lui.
_"Alain ? C'est notre tour de garde maintenant. Il est l'heure."
Machinalement il se leva la tête lourde de rêves fous. Il sortit par cette même porte et sentit ce doux parfum. Il faisait sa ronde d'un pas mécanique, ne faisant attention à rien sinon à elle. Que pouvait-elle faire en ce moment ? Elle avait sans doute pris un bain pour ôter de sa peau de satin toute trace de cette journée passée sous l'uniforme. Avait-elle dîné ce soir Peut-être avec sa famille ou bien seule dans ses appartements. Elle jouait peut-être du clavecin. André lui avait dit…
Un éclair frappa son cœur. Son sang se glaça. Il eu soudain envie de frapper André de toutes ses forces. Pourquoi lui accordait-elle tous ses regards ? Pourquoi y avait-il entre eux un lien spécial ? Alain sentit la jalousie mordre son cœur. Si le cœur d'Oscar pouvait s'ouvrir et accueillir un simple roturier pourquoi se fallait-il que ce soit André ? Était-il ce prince vaillant des contes ? Non, il n'était rien qu'un roturier, un valet, un domestique, rien que la noblesse ne puisse accepter, tout comme lui…Alors si Oscar pouvait accorder de l'importance à André il pouvait espérer lui aussi. Etait ce un si fol espoir ?
"Pardonne moi André mais je ferais tout pour la conquérir…Mon Oscar…Ma princesse….Mon fol espoir !"
André ce retourna vers son ami.
"Qu'as-tu dis Alain ?
_Rien ! Ma parole tu entends des voix en plus d'être borgne ! Allez continuons notre ronde !"
Alain s'éloigna d'André qui eut un sourire triste.
"Mon pauvre Alain….Toi aussi !"