La version de Jeuxvideo.com :
L'occasion assimilée à du piratage par le Ministère de la CultureLe Ministère de la Culture et de la Communication dirigé par la Ministre Fleur Pellerin a de nouveau mis les pieds dans le plat en ce qui concerne la revente de jeux d'occasion et l'utilisation de DRM, dispositif liant une copie de jeu à un compte unique ... une réponse qui fera grincer les dents de plus d'un joueur ...
Permettons-nous un saut dans le temps, direction le Journal Officiel du 12 novembre 2013. Alain Rodet, député socialiste, questionna le gouvernement de l'époque sur "les difficultés occasionnées par la généralisation, dans le secteur vidéoludique, de la mise en place de droits de gestion numérique extrêmement contraignants" ainsi que les démarches envisagées afin d' "inciter les acteurs de ce secteur d'activité à plus de transparence et à un plus grand respect des droits des consommateurs". En résumé, ce dernier dénonça les systèmes d'activation réclamant une connexion Internet de chaque instant et l'obligation de lier son exemplaire du jeu à un unique compte (nos chers et tendres DRM).
17 mois plus tard, le 11 août 2015, dans ce même Journal Officiel, le cabinet du Ministre de la Culture s'est fendu d'une réponse en total décalage avec la décision de la Cour de justice de l'Union européenne (CJUE) prise en 2012 confirmant le principe d'épuisement des droits après la première vente. Ce principe émet l'idée qu'un titulaire des droits d'auteur peut choisir le revendeur lors de la mise sur le marché du produit mais perd ses droits sur les reventes par la suite. Or, notre gouvernement bienveillant est revenu sur ce droit en déclarant :
"Dans le cadre de la lutte contre le piratage, et considérant que l'activité de revente de jeux physiques et du pluri-téléchargement des jeux en ligne est préjudiciable au développement de l'industrie et contrevient aux droits des éditeurs, les pouvoirs publics soutiennent ces initiatives. Ainsi, un jeu physique acheté dans le commerce doit être enregistré sur une plate-forme éditeur pour éviter qu'il ne soit revendu. De même, un jeu en ligne disponible sur une plate-forme de distribution est lié au compte de l'utilisateur afin que ce même jeu ne puisse pas être téléchargé plusieurs fois après une première acquisition. Après plusieurs années de mise en oeuvre, force est de constater que ces mesures ont effectivement permis de changer les habitudes des consommateurs et de faire baisser considérablement le niveau de piratage des jeux vidéo."
La volonté affichée est ici cristalline. Eradiquer la revente des jeux et porter atteinte au marché de l'occasion tout en se permettant de balayer d'un revers de main une décision prise sur le plan européen. Le Ministère allant jusqu'à prendre pour pilier de son argumentaire les habitudes de consommation des joueurs avec la démocratisation des versions digitales et des plates-formes de distribution en ligne que sont Steam, Origin, PSN, Xbox Live ... afin de justifier ses propos.
Malgré une industrie touchant désormais l'intégralité de la population avec des titres aussi variés que Fallout, Call of Duty, FIFA, Just Dance, Candy Crush... force est de constater que le gouvernement à la tête de notre beau pays trébuche régulièrement lorsqu'il s'agit de s'attaquer au domaine vidéoludique.
Fleur Pellerin s'est ensuite attelée sur Twitter afin de réduire l'impact de cette réponse par le biais d'un Tweet ayant pour but de dédramatiser la situation bien qu'un simple post sur un réseau social ne puisse en aucun cas avoir la valeur d'un article sur le Journal Officiel.
source : http://www.jeuxvideo.com/news/438801/l-occasion-assimilee-a-du-piratage-par-le-ministere-de-la-culture.htm
et la version de Gamekult :
Le ministère de la culture favorable aux DRMl est de notoriété publique que les éditeurs de jeu vidéo goûtent peu au marché de l'occasion, et notamment celui des revendeurs professionnels, qui se permettent de réaliser une marge sur des ventes en seconde main sans faire croquer l'ayant-droit. Mais d'ordinaire, les critiques se font rarement en public : il s'agit d'abord de s'économiser une volée de bois vert de la part des joueurs, mais aussi d'éviter de froisser leurs précieux partenaires que sont Micromania ou la FNAC.
A lire également : http://www.gamekult.com/actu/passes-online-comment-la-distribution-a-dit-oui-A102621.html
Il faut donc imaginer que c'est par la voie du lobby, et qui sait du syndicat des éditeurs (dont la position sur le sujet n'est pas spécialement claire), que l'épineuse question est arrivée jusqu'aux oreilles des conseillers de la ministre de la Culture Fleur Pellerin. Après deux bonnes années de réflexion, le ministère a officiellement pris position sur le sujet du jeu vidéo d'occasion : sa réponse va vous surprendre !
Ironiquement, tout est parti d'Alain Rodet, député socialiste de la Haute-Vienne, qui interrogeait benoîtement le ministère de la Culture en 2013 sur le manque de transparence des éditeurs concernant l'impossibilité de revente des jeux. Sous le jargon sophistiqué du député dépité, on reconnaît entre autres la description sinistre du passe en ligne, une pratique abandonnée aujourd'hui mais qui avait encore largement cours il y a deux ans chez les gros éditeurs. Jugez donc :
"Or de façon progressive, les principaux éditeurs de jeu vidéo ont mis en place un système d'activation en ligne de leurs logiciels, qui nécessite de l'acheteur la création d'un compte sur internet, via une plate-forme spécialisée. À l'issue de cet enregistrement, le logiciel est lié de façon irrévocable au compte de l'utilisateur ce qui interdit en pratique - mais sans que cela ne soit clairement explicité - sa cession ultérieure. (...) Ce procédé de licence activable a quasiment fait disparaître le marché du jeu d'occasion."
Pour une raison obscure, il aura donc fallu deux ans pour que le député Rodet obtienne sa réponse. Sauf qu'au lieu de voler au secours des consommateurs ou des revendeurs de jeux, lésés par les passes en ligne, le cabinet de Fleur Pellerin apporte un soutien tardif, mais sans ambiguïté, à toute initiative visant à bloquer la revente de jeux. Pire : dans un message repéré par nos comparses de http://www.nextinpact.com/news/96161-le-ministere-culture-defavorable-a-revente-jeux-doccasion.htm, le cabinet de la ministre se dit en effet opposé à l'idée même de la revente de jeux, estimant que le marché de l'occasion "est préjudiciable au développement de l'industrie et contrevient aux droits des éditeurs".
Sans avancer de chiffres, la ministre indique notamment que les mesures visant à gêner les ventes de seconde main "ont permis de faire baisser le niveau de piratage des jeux vidéo", évoquant "une protection indispensable". Une déclaration d'amour au droit d'auteur qui ne devrait pas être être suivie d'effets, les éditeurs http://help.ea.com/en/article/online-pass-has-been-discontinued/ à imposer des DRM tordus sur la revente de jeux vidéo physiques - signe que la baisse "considérable" de madame Pellerin a semble-t-il curieusement échappé à ses bénéficiaires. Enfin, si la tendance du côté de l'Union Européenne est au renforcement du droit à revendre les jeux dématérialisés, distributeurs et éditeurs se sont depuis réconciliés autour d'un ennemi commun : les sites de revente de clés de jeux à prix sacrifiés, comme l'expliquent avec force détails nos confrères de http://www.canardpc.com/news-53259-canard_pc_322___plus_de_secrets_entre_nous.html dans leur numéro d'été.
source : http://www.gamekult.com/actu/le-ministere-de-la-culture-favorable-aux-drm-A151905.html
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