Avec son sourire chaleureux, sa séduction tranquille dans la voix, bien posée, juste, assez économe d’effets, Michel Delpech aura été, du milieu des années 1960 à la fin des années 1970, l’un des interprètes les plus populaires de la chanson française. Un « chanteur de variétés. Je n’offre pas une “œuvre” », avait-il confié à notre collègue Bruno Lesprit, en décembre 2000. Souffrant d’un cancer de la gorge et de la langue depuis 2013, le chanteur, parolier et compositeur Michel Delpech est mort le 2 janvier. Il était âgé de 69 ans.
Il restera l’interprète d’une bonne trentaine de grands succès, souvent de jolies romances, un rien nostalgiques, dont il signe les textes, allant parfois vers un léger commentaire social, aux mélodies bien tournées. Nombre de ces airs viennent du pianiste, compositeur et arrangeur Roland Vincent. Une collaboration qui débute dans les années 1960 et qui produit de nombreuses réussites, de Chez Laurette (1965) à Quand j’étais chanteur (1975, avec Jean-Michel Rivat pour le texte)
Né le 26 janvier 1946 à Courbevoie (Hauts-de-Seine), Jean-Michel Delpech, qui rapidement ne gardera que Michel comme prénom d’artiste, vient d’un milieu qu’il qualifie de « monde ouvrier (…). Mon père possédait un petit atelier de nickelage-chromage sur métaux, confie-t-il, Nos manières étaient plus prolétariennes que bourgeoises, mais on était assez à l’aise financièrement. » Enfance et adolescence sans histoire. Le goût des livres, de l’écriture, l’amène un temps à se voir journaliste. La musique, il la fredonne, en écoutant Brassens, Aznavour, Bécaud, Sinatra aussi, un peu de jazz. Au lycée, il devient chanteur dans des groupes de copains. Ses premiers textes vont être enregistrés pour la compagnie Vogue, qui publie en 1963 son premier 45-tours, avec quatre titres.
Les premiers succès
Le succès n’est pas encore là, pas plus que pour les quatre chansons suivantes, composées cette fois par Roland Vincent, qui sortent sur Festival, un label de la maison Barclay, qui publiera les disques de Delpech jusqu’au début des années 1980. Delpech et Vincent vont alors participer à la pièce Copains-clopant, « fantaisie musicale » de Christian Kursner. Le thème : la transformation d’un sympathique apprenti truand en chanteur vedette, avec jolies filles, imprésario, commissaire débonnaire… C’est là qu’il se fait repérer une première fois, dans un duo sur la chanson titre avec l’une des interprètes de la pièce, Chantal Simon, qui deviendra sa première femme en 1966. Au programme aussi, la chanson Chez Laurette, futur classique de son répertoire.
A partir de 1966 les choses s’accélèrent, avec Marie-toi Marie-Jo et surtout Inventaire 66. Une bizarrerie psyché, où les paroles évoquent des bottes Courrèges, des « cheveux longs, les idées courtes », Paris 2 (nom alors utilisé pour le futur centre commercial Parly 2, le Palmarès de la chanson, le Drugstore Opéra, les chemises à fleurs, James Bond… Il y évoque son époque, avec comme leitmotiv – deux ans avant Mai 1968 – « toujours le même président », De Gaulle, sans le nommer. Delpech en fera une autre version, actualisée en 1971, avec le même constat, adressé cette fois à Pompidou. En octobre de la même année, pour les adieux de Jacques Brel à la scène, Delpech est l’un des chanteurs en première partie des concerts à l’Olympia. Cette fois, c’est bien parti.
Source : http://www.lemonde.fr/disparitions/article/2016/01/02/le-chanteur-michel-delpech-est-mort_4840953_3382.html
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