-Paprika est un film d’animation réalisé par le grand Satoshi Kon (image du dessous) qui a déjà réalisé des films d’animation comme le schizophrène Perfect Blue, l’excellent Millenium Actress, Tokyo Godfathers ainsi que la série Paranoïa Agent qui est l’adaptation d'un roman de Yasutaka Tsutsui.
Atsuko Chiba : Atsuko Chiba est une personne très sérieuse et froide. Il est révélé par Paprika qu'elle croit qu'elle peut contrôler les autres, et les autres devraient l'écouter. Elle devient plus sympathique après avoir admis ses sentiments pour Tokito.
Paprika : Paprika est à l'opposé de son alter-égo Atsuko Chiba, Paprika est insouciante, conviviale et joyeuse.
Tokita Kosaku : Tokita est dans sa nature très enfantin et peut causer beaucoup de problèmes à cause de cela. Il est cependant innocent, utile et très intelligent car il est celui qui a créé le DC Mini.
L’histoire de Paprika est la suivante, dans le futur, un nouveau traitement psychothérapeutique a été inventé. Grâce à une machine, le DC Mini, il est possible de rentrer dans les rêves des patients, et de les enregistrer pour sonder leurs pensées et leur inconscient…
-Le film est un mélange d'anticipation, de psychanalyse et de thriller, mélange qui peut paraitre déroutant à bien des égards mais où Satoshi Kon a déjà excellé par le passé (comme dans Perfect Blue). Avec ce 4ème film, Satoshi Kon rentre dans un monde onirique et surréaliste s’appliquant moins à analyser la société nippone que dans ses œuvres précédentes. Néanmoins, le film possède bien la patte visuelle et thématique de Kon.
-Paprika se distingue dès la scène d’introduction par un début frappant, le talent de mise en scène de Satoshi Kon pour mettre en place le mécanisme des rêves. Pour que les spectateurs s'identifient aux rêves dans le film, le réalisateur a choisi une parade qui symbolise des rêves inconscients et communs. On aperçoit aussi bien des personnages très anciens que des objets que les hommes d'aujourd'hui jettent ou alors des symboles religieux que les gens ont oubliés. Le scénario est passionnant mais la complexité du métrage peut nuire à la compréhension de l’ensemble si on n'a pas l'habitude de son style. Paprika adopte en premier lieu l’aspect d'un film policier (l'enquête sur le vol du DC Mini) pour totalement passer au second plan et par la suite se confondre avec le fantastique et devenir une réflexion poussée sur la perception du réel. Satoshi Kon ne s’intéresse pas qu’à son intrigue mais bien à l’inconscient de ses personnages et à leurs désirs refoulés. Le film passe du rêve à la réalité et à nouveau de façon transparente au point de se demander si telle scène se passe-t-elle réellement dans notre monde ou bien le personnage est-il en train de rêver ? Même si un personnage se réveille d’un rêve, n’est-il pas encore en train de rêver (Le rêve du Papillon de Tchouang-Tseu) ? Peut-il encore revenir à la réalité ? Avec le DC Mini donnant la possibilité d'entrer (ou d’envahir) les rêves et les psychés du peuple, il devient de plus en plus difficile de distinguer l'illusion et la réalité. Le film nous entraine donc dans une folle course poursuite jonglant entre réel et irréel, les deux se confondant totalement durant tout le film pour tenter d’y perdre son spectateur. Pour cela, Kon utilise cette sensation de rêve éveillé, l’impression d'avancer alors que l'on est en plein sommeil. Tout cela nous plonge dans un monde burlesque, déstabilisant et délirant avec des images colorées et dérangées, des séquences hallucinatoires en gardant son public dans un état de déséquilibre constant.
-Paprika explore aussi la relation entre la technologie et nos perceptions des rêves et de la réalité. En explorant le thème de la technologie dans Paprika et d'autres films de Satoshi Kon, un message clair peut être perçu. La réalité et les rêves ont des natures semblables, et nos perceptions d'entre eux peuvent être modifiées par la technologie. Le rêve est en fait vu comme une échappatoire des contraintes qui nous sont imposées par notre vie en société, et qui atteignent leur paroxysme dans des grandes villes. Paprika est optimiste quant aux possibilités du DC Mini (et à la technologie en général), qui est toujours dépeint comme un délicat instrument, au design élégant, pliant à la simple pression d'un bouton. À la fin du film, il semble qu'il sera approuvé pour une utilisation, mais avec des restrictions pour limiter l'utilisation non autorisée. Nous devons être responsables dans nos vies, dans nos rêves, et avec nos créations. Il est souvent cité dans le film que les rêves sont sacrés, et de même pour nos vies.
-Les personnages du film sont passionnants et bien développés de part leur physique et leur psychologie, tous à la recherche d’une part d’eux même et possédant des contraintes particulières : Le Président du centre de recherche qui a perdu l'usage de ses jambes, Tokita qui ne peut plus se mouvoir correctement à cause de son obésité, l’incapacité du policier à se libérer de ses démons et le refoulement de ses sentiments pour Atsuko. Notre protagoniste, Atsuko est froide, souvent rude et arrogante et a peu de patience pour l'irresponsabilité enfantine du génie homme-enfant Tokita, l'inventeur du DC Mini tranchant nettement avec son alter ego onirique Paprika qui est pleine de fantaisie et pétillante. Ce contraste est intéressant car il montre comment les désirs refoulés d'une personne peuvent se manifester en dépit (ou à cause) de leurs tentatives pour garder le contrôle sur eux-mêmes. Autant Atsuko aimerait penser qu'elle a le contrôle sur elle-même et sur ce qui l’entoure en réprimant ses émotions autant on peut voir comment une personne peut être malhonnête avec elle-même. Lors d’une conversation fantasmée entre Atsuko et Paprika, cette dernière en viendra même à remettre en cause la réalité de notre monde physique. Au final, la véritable nature de Paprika demeure un mystère. Est-elle réelle ? Peut importe, puisque on prend beaucoup de plaisir à la suivre dans les délires les plus absurde du subconscient des hommes (rêve ou cauchemar), comme si elle était une entité dans les rêves de chacun.
-Les graphismes du film retranscrivent un univers fendart et délirant (non pas psychédélique comme dans Perfect Blue). Les décors sont une énorme réussite colorés, riche de détails, et soigneusement mis en lumière, l’environnement est extrêmement crédible et complet. De plus, le character design très moderne est superbe. L’animation est là encore riche et soignée, tout y très fluide. Ce qui est parfait pour rendre Paprika le plus éclatant et le plus vivant possible. Quant au numérique, il se montre aussi efficace que discret, à quelques exceptions près. La plupart du temps la 3D se marie parfaitement avec les dessins traditionnels. Citons quelques scènes impressionnantes comme celle du couloir « mou » qui se déforme ou les nombreux plans aériens avec Paprika.
-La musique est un des points forts de Paprika, amplifiant l'expérience graphique du film, elle est surtout très bien appropriée à ce monde de rêves déjanté. La musique de l'opening sort vraiment du lot et revient à chaque scène d'action marquante. Une bande-son originale, collant parfaitement au ton du film.
-Notons les références et les clins d’œil du film de Paranoia Agent en passant par les autres films de Kon comme Perfect Blue, Millennium Actress et Tokyo Godfathers en affiche vers la fin du film dans le cinéma qui est un clin d’œil à David Lynch ou à Akira Kurosawa.
Conclusion : Bien que parfois un peu confus, Paprika est un film extravagant qui ne manque jamais d'impressionner et de divertir. Le film explose de créativité, déborde d'images tout droit sorti de vos rêves les plus fous. Paprika est une véritable perle de l'animation japonaise, à ranger bien au chaud entre Ghost In The Shell et Akira. L’œuvre testamentaire de Satoshi Kon fait partie de ces OVNI cinématographique où l'imaginaire ne connaît aucune limite. Un travail final approprié pour un grand maître. En effet, Satoshi Kon s'est éteint le 24 août 2010 des suites d'un cancer du pancréas à l'âge de 46 ans.
Et vous ? Qu'avez-vous pensez du film ?
veggie 11
~ Enjouée ~
Inscrit le : 12/12/2014 Messages postés : 2060 Age : 35 Bonnes réponses aux jeux : 90
Je vois ce film comme la fusion entre Perfect Blue et Paranoia Agent : le thème de la folie et du rêve éveillé qui est récurrent durant tout le long-métrage et la critique de la société japonaise, notamment le personnage du policier qui n'avance pas dans son travail, qui se retrouve envahi par sa profession jusque dans ses rêves. Enfin tout ça pour dire que Paprika est un incontournable dans la filmo de feu Satoshi Kon et que je suis moi-même une immense fan de son travail ! J'ai aimé tous ses films, mais Paprika garde une petite place à part, un peu comme Tôkyo Godfathers dans un genre très différent.
Titres méconnus et doublages égarés, voilà les deux principaux thèmes qui nourrissent ma passion pour les anime.
En pleine découverte des comics de super-héros.
Sisyphe du Sagittaire
~ Castor ~
Inscrit le : 20/01/2016 Messages postés : 466 Age : 29 Bonnes réponses aux jeux : 0
Pareil pour moi, Paprika garde une petite place à part pour moi dans la filmographie de Kon, peut être parce que c'est son dernier chef d’œuvre mais aussi comme tu l'as dit parce qu'il est l'aboutissement thématique de ses précédents films.
Athenais
~ Mousquetaire ~
Inscrit le : 21/01/2016 Messages postés : 70260 Age : 43 Bonnes réponses aux jeux : 296
La filmographie entière de Satoshi Kon mérite le coup d’œil, je trouve. J'apprécie notamment qu'il a toujours su varier les histoires même si on retrouve certains thèmes communs et surtout il donne une place très importante à la femme sans aller dans les stéréotypes. En effet, toutes ses œuvres ont un protagoniste féminin, à l'exception de Tôkyo Godfathers qui propose un trio.
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Lalabel
~ Ecrivain ~
Inscrit le : 03/02/2011 Messages postés : 10079 Age : 44 Bonnes réponses aux jeux : 17234Classement :