Le combat pour sauver Miu
Kenichi et son maître de karaté, Sakaki Shio, ont retrouvé Miu sur l’île natale de Jenazad, le Poing Démoniaque. Malheureusement, Miu s’en est prise à Kenichi car elle l’a complètement oublié grâce au lavage de cerveau intensif du Poing Démoniaque. Kenichi, ne pouvant se défendre face à Miu, il a été mortellement blessé par celle-ci. Sakaki voulut défendre son disciple mais les sbires de Jenazad l’en empêchèrent. Au prix d’un combat épique, Sakaki parvint à sauver Kenichi alors que le Poing Démoniaque ordonnait à Miu de le tuer définitivement.
Rentrant au Japon, Kenichi fut sauvé par les compétences des maîtres Akisame et Kensei. Après son hospitalisation, Kenichi retrouva son sourire. Pourtant, au fond de lui-même, il s’en voulait de ne pas avoir pu protéger Miu. Il cacha de son mieux son désarroi à ses maîtres. Ceux-ci ne furent pas dupent et intensifièrent l’entraînement de leur disciple. Et pour la première fois, Kenichi n’eut pas peur de son entraînement. Ce comportement inquiéta ses maîtres qui l’interrogèrent. Kenichi résista à leur pression et accentua de lui-même son entraînement. Deux semaines plus tard, le dojo du Ryozanpaku reçut une invitation au combat de la part du Poing Démoniaque. Une confrontation entre Miu et l’Ancien. L’Ancien accepta le défi. Rendez-vous fut pris le soir même. Tout le Ryozanpaku se retrouva sur le lieu du rendez-vous.
Le Poing Démoniaque et Miu attendaient déjà leurs adversaires. Jenazad préféra rester en retrait pour profiter du spectacle. L’Ancien voulut aller à la rencontre de Miu, Kenichi le devança.
- L’Ancien, c’est à moi d’y aller, déclara avec fermeté Kenichi. Si vous y allez, vous risquez d’enfoncer plus Miu dans les ténèbres créés par Jenazad. Et c’est à moi de la protéger, même contre elle-même.
Kenichi avait prononcé ces paroles sans même regarder l’Ancien, le grand-père de Miu. Une forte détermination se dégageait de lui. L’ancien sourit et laissa son disciple se diriger vers son destin. Les autres maîtres n’en crurent pas leurs yeux.
- Hé l’Ancien, t’es sûr de ton coup ? demanda Sakaki avec désinvolture. La dernière fois, elle l’a pratiquement tué.
- Je le sais. Kenichi est conscient de la situation. Et son désir de protéger est de loin plus fort que le mien, admit l’Ancien.
- Que voulez-vous dire par là ? l’interrogea Akisame. Vous êtes à la fois un père et une mère pour Miu.
- Peut-être. Mais j’ai éduqué Miu en lui apprenant les arts martiaux. De cette façon, je voulais la protéger du monde extérieur, comme aurait dû le faire son père. Ce genre d’existence lui a permis de ne pas subir les turpitudes du monde extérieur. Mais celui-ci l’a éloigné des réalités des jeunes de son âge. L’arrivée de Kenichi au sein de notre dojo lui a permis de s’ouvrir en douceur au monde extérieur. Elle a trouvé des amis sur lesquels elle peut compter, elle a commencé à découvrir de nouveaux sentiments. En agissant comme je l’ai fait, je voulais aussi la protéger de la malédiction de ses origines.
L’Ancien avait parlé avec un visage imperturbable, se plongeant dans ses souvenirs. Le combat n’avait pas encore commencé. Les maîtres du Ryozanpaku ressentirent différentes présences qui venaient d’apparaître.
- Hé bien, hé bien ! s’exclama maître Ma. Il y a du monde au balcon pour assister à ce combat. Les membres de Yomi doivent être au complet. Ca pourrait être une occasion pour en terminer une bonne fois pour toute.
- Apa ! Apachaï est d’accord avec Ma ! s’exclama le maître de boxe thaï.
- J’ai quelques explications à demander à certains membres concernant les armes de son père, approuva Shigure, le maître d’armes en faisant apparaître la garde de son sabre.
- Du calme. Tant qu’ils n’attaquent pas, ce n’est pas à nous d’ouvrir les hostilités, dit maître Akisame. Et le combat va débuter.
Maître Koetsuji Akisame repensait aux paroles de l’Ancien. Depuis le temps qu’il vivait au Ryozanpaku, il n’avait jamais pu déchiffrer les pensées de l’Ancien, et pourtant en cet instant, il lui avait semblé sentir la vraie faiblesse de l’Ancien, celui que l’on surnomme le Surhomme Invincible, le maître invaincu. Le maître fut tiré de ses pensées d’un coup car il y eut un changement dans l’air provenant du combat. Les maîtres fixèrent le lieu du combat.
Kenichi se trouvait face à Miu qui avait le regard empli de haine et de rage. Elle voulait tuer. Elle avait soif de sang. De sang de guerrier. Un peu plus loin, le Poing Démoniaque savourait cet instant en croquant dans une pomme. Si son plan marchait, il prendrait bientôt la tête de Yomi et créerait le chaos partout dans le monde afin d’apparaître comme un héros. Il n’hésiterait pas une seule seconde pour se servir de l’incroyable puissance de Miu. Il sentait les autres maîtres de Yomi qui assistaient aussi en silence à ce combat.
Kenichi fixait des yeux Miu tout en prenant position. Il dégagea immédiatement son énergie pour former le seikuken de niveau deux. Cette approche étonna ses maîtres. Mais ce fut surtout sa position qui les étonna.
- Mais que fait Kenichi ? se demanda Ma. Je ne l’ai jamais vu utiliser cette posture de combat. Pourtant elle me semble familière.
Les maîtres étaient d’accord avec le maître de tous les kempos chinois. Les amis de Kenichi arrivèrent à ce moment-là en soufflant. Ils avaient couru pour être aux premières loges. Ils avaient dû faire confiance à Niijima et à ses pouvoirs d’alien démoniaque pour trouver le lieu de la rencontre. Kenichi ne leur avait rien dit.
- Est-ce que ça a commencé ? interrogea Ikki, surnommé Takeda le frappeur.
- Oui. Pourquoi ? demanda maître Akisame.
- Il faut arrêter Kenichi, s’emporta Niijima, à la stupéfaction de tous. Il ne doit pas combattre Miu. C’est trop dangereux. Il ne faut surtout pas que son potentiel de combat se réveille.
- De quoi parles-tu l’alien ? demanda Shigure.
Niijima reprenait difficilement son souffle. Il scruta alors l’Ancien.
- Je suis sûr que vous en êtes conscient depuis longtemps, l’accusa Niijima. Vous connaissez le secret de Kenichi.
- Mais de quoi parles-tu ? l’interrogea avec agacement Tanimoto. Tu nous as fait courir pendant plus d’une heure en nous disant que Kenichi courait un grave danger pour lui-même.
- Et c’est vrai. Kenichi ne doit plus se battre. Il doit renoncer sinon son potentiel offensif de combat va se réveiller d’un coup, insista Niijima.
Tout le monde regardait l’ami de Kenichi sans comprendre. L’Ancien affichait un visage impassible. Sakaki se mit à rigoler.
- T’es vraiment marrant la tête d’alien. Je te rappelle qu’on parle de Kenichi. Tu oublies que Kenichi n’a aucun talent pour les arts martiaux. Il est juste doué pour avoir une excellente résistance à tout.
- Ouais c’est ça, ironisa Niijima. C’est ce que je pensais aussi au début. Celui que l’on surnommait Funuken a pourtant bien pris de l’assurance. Au début, je pensais comme tout le monde que c’était pour protéger Miu. Pourtant, depuis que vous avez décidé de combattre l’organisation Yomi, mon détecteur de bizarreries s’agite sans cesse. Je pensais que c’était à force de vous fréquenter car vous êtes des monstres en puissance. Mais depuis peu, c’est surtout quand Kenichi est proche de moi et que son potentiel augmente. Et vous le savez.
Niijima pointa l’Ancien qui ne disait toujours rien. Niijima se dressa devant l’Ancien.
- J’ai refait des recherches sur les origines de la famille Shirahama il y a peu. Comme sur les personnes entourant Kenichi. Je ne trouvais pas grand chose au début jusqu’à ce qu’un nom sorte du lot. Et oh surprise ! La famille Shirahama descend d’une grande famille de combattants. Une famille qui a été à l’origine de la création de Yomi. Vous l’avez dit vous-même, l’organisation Yomi sévit depuis des siècles, recrutant les meilleurs combattants pour dominer le monde. Dans l’histoire des arts martiaux, beaucoup de familles ont été effacés ou oubliées. Et la famille Shirahama n’échappe pas à la règle. Même si elle ne portait pas ce nom. Et vous le savez.
- L’Ancien, est-ce vrai ? demanda Ma.
Le surhomme resta silencieux.
- Ce que tu racontes est insensé, persifla Tanimoto. Nous connaissons tous Kenichi.
- Faux. Nous connaissons tous le gentil, lâche et persévérant Kenichi. Mais le vrai Kenichi, le combattant, nous ne le connaissons pas. Tanimoto, toi qui est un disciple de Ma Sougetsu et qui vit dans le monde des arts martiaux, as-tu déjà entendu parler d’un disciple entraîné par six maîtres différents ? Et qui est survécu aussi longtemps à un entraînement ?
- Jamais. Même chez Yomi. Mais la détermination est essentielle, se défendit Tanimoto.
- Ouais c’est ça. Et tu vas me dire que ton entraînement avec ton maître est du même calibre que celui de Kenichi. Je n’y crois pas un seul instant. Il t’a fallu des années pour atteindre ton niveau actuel. Alors que pour Kenichi, en quelques mois, il a réussi à atteindre un niveau d’expert équivalent, voire supérieur au tien, ou aux vôtres, désigna Niijima.
Les amis du jeune homme reconnurent la justesse des observations de Niijima. Les maîtres du Ryozanpaku ne firent aucun commentaire.
Au même moment, Kenichi et Miu donnaient leurs premiers coups. Kenichi ne faisait que se défendre face aux coups meurtriers de la jeune adolescente. L’Ancien observait le combat avec angoisse. Les maîtres présents suivaient le combat avec intérêt à des distances plus que respectives. Le déchaînement de puissance de Miu se sentait sur des kilomètres. Pourtant, quelque chose interpela les maîtres du Ryozanpaku.
- Apa ! Que fait Kenichi ? Pourquoi n’attaque-t-il pas ?
- Non ce n’est pas ça. Il se contente de suivre les mouvements de Miu, observa maître Akisame. Il se fond dans les mouvements de Miu. C’est une technique dangereuse de suivre ainsi les mouvements de son adversaire sans pour autant riposter.
- Vous devez l’arrêter, supplia presque Niijima. Si Kenichi ne porte que serait-ce un coup, un drame pourrait survenir.
- Maître démon, tu ne nous as toujours pas dit pourquoi Kenichi ne doit plus se battre, lui rappela Siegfried.
- Pourquoi ? Pourquoi ? Parce que la famille Shirahama descend de la lignée maudite de la famille des Kakurijo, famille que l’on surnommait les Phénix renaissants. Une famille bannie du monde des arts martiaux il y a de sept siècles, cria presque Niijima.
Les amis de Kenichi furent surpris par cette nouvelle sans en comprendre les implications. Par contre, les maîtres du Ryozanpaku restèrent de marbre devant cette information. De l’autre côté du combat, la nouvelle, entendue par les maîtres créa un choc. Le but de Yomi était à l’origine de trouver un art martial ultime pour détruire complètement l’adversaire. Apprendre que Kenichi est le descendant de la famille maudite Kakurijo changeait complètement la donne du jeu. Le second Poing de l’Ombre, Isshinsai Ogata sourit d’amusement.
- Je comprends enfin. Ainsi ce Kenichi sans talent est le descendant de cette famille. A ce niveau, ce combat va être encore plus intéressant. Si jamais c’est vrai, alors Kenichi doit absolument rejoindre nos rangs.
De son côté, Jenazad ne voulait pas croire à cette improbable nouvelle. Si le sang de Kenichi se réveillait, ses plans tomberaient à l’eau car il ne pourrait pas contrôler le jeune homme comme il contrôlait l’adolescent. Et surtout son plan échouerait. Il devait intervenir pour interrompre ce combat. Malheureusement, avec tous les maîtres présents, il ne pouvait que rester à sa place et attendre.
- Euh, quelle était la particularité de cette famille ? demanda Freya.
- La particularité. Tu veux dire les particularités de cette famille. Dans le monde des arts martiaux, cette famille a été bannie car elle était trop puissante à cause de ses capacités innées pour apprendre. Les membres de cette famille pouvaient apprendre les arts martiaux à tout âge et s’en approprier la quintessence. Ils pouvaient en quelques jours apprendre différentes techniques de combat et les retourner contre leurs maîtres. Ils étaient surnommés les Avaleurs de quintessence. Au cours de l’histoire, cette famille s’est renforcée en absorbant tous les styles de combat connus du Japon et de Chine. On raconte même qu’ils étaient sur le point de mettre au point un art martial absolu qui les rendrait invincible. Ce projet n’aboutit jamais car quatre maîtres empêchèrent le dernier descendant connu de concrétiser ce projet. Et la famille Furinji faisait partie de ces exécuteurs. Le combat fut long et acharné. Le dernier descendant connu trouva la mort. Cependant, la femme de celui-ci prit la fuite juste à temps alors qu’elle était enceinte. A partir de cet instant, la famille Kakurijo disparut de l’histoire du Japon. Des recherches furent effectuées sans grand succès pour tuer la femme. Grâce à mes recherches, j’ai découvert que la femme avait vécu en forêt, se cachant du monde extérieur. Pour survivre, elle prit soin de ne pas enseigner à son enfant les arts martiaux. Elle changea d’apparence et se mit à vivre avec les pauvres. Ainsi elle se remaria et changea de nom. Ses descendants, sans connaître leur histoire, suivirent cette voie, cachant au monde des arts martiaux leur potentiel et diluant le sang de la famille Kakurijo dans le sang commun. N’est-ce pas Furinji Hayato ? Dites quelque chose ! Vous le saviez depuis tout ce temps ? Si jamais Kenichi réveille son sang avec cette confrontation, il deviendra un enjeu de pouvoir considérable pour Yomi. Et le Ryozanpaku pourrait finir par être détruit avec un tel être.
L’Ancien ne disait toujours rien, ainsi que les autres maîtres. Ils avaient tous un masque indéchiffrable. Niijima décida d’agir.
- Puisque vous ne voulez rien faire, je vais y aller. Je ne peux pas laisser Kenichi sombrer dans les ténèbres de son sang. Alliance Shinpaku ! Avec moi !
Les fidèles subordonnés de Niijima s’apprêtaient à se mettre en marche avec Niijima quand les maîtres Akisame et Ma leur barrèrent la route. Shigure dégaina son sabre.
- Restez là où vous êtes ! ordonna maître Akisame. Au moment où nous parlons, le combat qui vient de s’engager pourrait vous tuer définitivement.
Niijima voulut répliquer mais s’abstint quand Sakaki concentra son énergie dans ses yeux et fixa les membres de l’Alliance Shinpaku. Ils prirent peur.
- Kenichi a de la chance d’avoir des amis qui s’inquiètent tant pour lui, dit enfin l’Ancien. Pourtant je lui fais confiance pour ne pas sombrer et pour ramener Miu. Comme tu l’as découvert, Kenichi a le potentiel qu’il faut. Kenichi est un bonzaï surpuissant que nous avons cultivé avec dureté pour qu’il résiste à tout. Il a au fond de lui de puissants enseignements. Mais plus que ça, il a aussi son propre caractère. Kenichi ne sombrera pas car il a vu les dégâts de ce genre de chute. Même si son sang devait se réveiller, il résisterait. Il est le disciple numéro un du Ryozanpaku.
L’Ancien affichait maintenant un sourire plein de confiance, ainsi que les autres maîtres.
- Hé l’Ancien, si Kenichi s’en sort et qu’il se réveille, nous pourrons encore accentuer son entraînement. Car Yomi voudra nous attaquer de toutes parts. Le Ryozanpaku ne restera plus calme très longtemps.
- Oh, oh ! Est-ce vraiment si dérangeant ? se moqua l’Ancien.
- Au contraire, ce sera un avantage pour recevoir Yomi, suggéra maître Akisame. Au lieu de courir à travers le monde et de se battre sur leurs terrains, ils devront combattre sur le nôtre. Nous avons tout à y gagner. J’espère pour Kenichi qu’il a bien réfléchi à sa stratégie de combat et qu’il ne se blessera pas trop. Car j’ai quelques idées d’entraînement pour lui.
- Apa ! Apachaï aidera aussi ! Apachaï montrera à Kenichi de nouvelles techniques ! Apa !
Et chaque maître promit mille et une tortures pour encore renforcer le potentiel de Kenichi. Niijima et les autres furent estomaqués. Ils regardaient les maîtres comme des extra-terrestres ou des fous.
Pendant ce temps, le combat entre Miu et Kenichi commençait à prendre de l’ampleur.
L'homme est maître de son destin à quelques actions prêtes, celles des hommes passés, présents et à venir