De ses premières apparitions avec le maillot de Cruzeiro au moment où il raccrochait les crampons alors qu'il portait la tunique des Corinthians, Ronaldo, qui vient d'annoncer ce lundi qu'il mettait un terme à sa carrière, a vécu un parcours parsemé de hauts et de bas, où il a tutoyé les sommets, a connu des graves blessures, et s'est constitué un palmarès fabuleux. Pendant dix-huit années au plus haut niveau, "O Fenomeno" a marqué l'histoire du jeu d'une empreinte indélébile.
Ronaldo a d'abord fait ses classes au futsal, avant de commencer sa carrière en première division du côté de Cruzeiro. Son adresse devant le but et sa qualité technique largement au-dessus de la moyenne lui permettent vite de faire le grand saut et de rejoindre l'Europe. Ronaldo Luis Nazario de Lima signe au PSV Eindhoven alors qu'il n'est pas encore majeur.
Dès son premier exercice aux Pays-Bas, il est couronné meilleur réalisateur de la Eredivise, faisant trente fois trembler les filets. Sa deuxième saison est moins prolifique, en raison de soucis récurrents au genou. Cela ne freine aucunement le FC Barcelone, qui l'engage. Vite fait bien fait, le Nou Camp en fait sa coqueluche : et pour cause, il inscrit trente-quatre buts pour sa première saison en Espagne. Contre le SD Compostela, il signe l'un buts les plus remarquables de l'histoire du football. Après s'être emparé du cuir sur la ligne médiane, d'une fulgurante accélération, il se débarrasse de ses adversaires, avant de conclure, en rupture, du pied droit.
Il est également vainqueur de la Coupe des Coupes, en signant, sur un coup de pied de réparation, le seule but de la finale contre le Paris Saint-Germain. En froid avec bon nombre de ses supérieurs hiérarchiques, il débarque à l'Inter lors du mercato estival qui suit. Une demi-saison après, il remporte son premier Ballon d'Or, à seulement vingt ans, record en la matière puisque personne n'a fait mieux depuis. C'est la naissance de "O Fenomeno".
Au moment où le coup d'envoi du Mondial 98 est donné, le nom de Ronaldo est sur toutes les bouches. Après avoir glané la couronne mondiale quatre années auparavant aux USA sans avoir disputé une seule minute, il a bien l'intention d'être sacré champion du monde une seconde fois. Mais l'équipe de France emmenée par Aimé Jacquet l'empêche de soulever le trophée Jules Rimet. Ensuite, une malédiction semble s'abattre sur l'enfant de Rio de Janeiro, et il n'est plus épargné par les blessures.
En novembre 1999, lors d'une confrontation entre l'Inter Milan et Lecce en championnat, c'est le drame : sur un mouvement bénin, insignifiant, sa jambe se bloque dans le gazon. Les médecins diagnostiquent une rupture partielle du tendon rotulien de la jambe droite. Ronaldo est contraint de passer sur le billard de l'Hôpital de la Pitié-Salpêtrière.
Un certain professeur Saillant s'acquitte de son opération. Après plus de cinq mois sur le flanc, il refait son apparition sur les terrains transalpins, à l'occasion de la finale aller de la coupe d'Italie contre la Lazio. Sept minutes seulement après avoir foulé la pelouse du Stade Olympique de Rome, il s'effondre encore une fois en tenant son genou droit. Une extrême douleur se lit alors sur son visage. Les larmes aux yeux, il quitte l'enceinte. Ce coup-ci, le tendon rotulien l'a abandonné. Le voici de nouveau dans une longue période d'inactivité. « Je revendrai, bien plus fort qu'avant. Je n'en ai aucun doute », explique-t-il, au moment de sortir de l'hôpital, alors qu'il ne peut se tenir debout qu'avec l'aide de béquilles.
Une saison et demi après avoir été opéré une seconde fois, le joueur le plus renommé de l'histoire du football auriverde signe son come-back. Avec un peu de surcharge pondérale. Quelques mois après le début de l'année 2002, Luiz Felipe Scolari le rappelle en sélection. Le Brésil est parvenu avec peine à se qualifier pour la Coupe du Monde co-organisée par le Japon et la Corée. Rayonnant tout au long la plus prestigieuse des compétitions de foot, il score à six reprises, avec notamment un doublé en finale contre l'Allemagne d'Oliver Kahn. Grâce à lui, le maillot de la Seleçao est décoré d'une cinquième étoile.
Dans la foulée, il remporte un second Ballon d'Or, symbole de renaissance. Entre-temps, il a rallié le Real Madrid, et sa ribambelle de stars. Florentino Perez a en effet entamé son opération "galactique". Pendant cinq ans, Ronaldo prend son pied aux côtés de Luis Figo, Raul, Roberto Carlos, Michael Owen, David Beckham et autre Zinédine Zidane.
Même s'l ne garnit pas considérablement son armoire à trophées pendant sa période madrilène, il marque la bagatelle de cent-quatre buts en cent-soixante-dix-sept apparitions. Lors de la Coupe du Monde 2006 en Allemagne, il devient le meilleur réalisateur de l'histoire de la compétition avec quinze buts, dépassant l'allemand Gerd Müller. Sa dernière grande performance avec l'équipe nationale. Il retourne en Italie six mois plus tard, dans les rangs de l'ennemi juré de l'Inter, le Milan AC, au début de l'année 2007.
Ses premiers mois sous les couleurs Rossoneri sont pleines de promesses. Mais un an après, Ronaldo se blesse encore une fois grièvement. Ce coup-ci, c'est le genou gauche qui est touché. Beaucoup estiment alors qu'à trente-et-un ans, sa carrière est terminée. Mais "O Fenomeno" refuse d'abdiquer, et il prend la décision de se relancer chez lui, au Brésil. Après s'être longtemps entretenu physiquement avec le groupe de Flamengo, il rallie les Corinthians, en début d'année 2009. Son challenge ultime. Bien qu'il fait la une de la presse brésilienne en raison de la fréquentation assidue des boites de nuit de São Paulo et qu'il est moqué à cause du fait qu'il n'arrive jamais à atteindre son poids de forme, Ronaldo s'accroche, et il parvient à recouvrer un niveau de jeu plus que convenable.
Il participe activement à l'obtention du championnat en 2009, et est logiquement élu par la presse meilleur joueur du tournoi. Les supporters des Corinthians exigent qu'il soit de nouveau appelé en équipe nationale. Sans succès. Le lundi 14 février 2011, il annonce officiellement qu'il raccrochait les crampons, à cause de pépins physiques récurrents. A l'âge de trente-quatre ans, Ronaldo Luis Nazario de Lima met un terme à sa carrière. Son nom restera à jamais gravé dans l'histoire de ce sport.