Auteur :Ray Bradbury
Genre :Science-Fiction
Synopsis :451 degrés Fahrenheit représentent la température à laquelle un livre s’enflamme et se consume.
Dans cette société future où la lecture, source de questionnement et de réflexion, est considérée comme un acte antisocial, un corps spécial de pompiers est chargé de brûler tous les livres dont la détention est interdite pour le bien collectif. Montag, le pompier pyromane, se met pourtant à rêver d’un monde différent, qui ne bannirait pas la littérature et l’imaginaire au profit d’un bonheur immédiatement consommable.
Il devient dès lors un dangereux criminel, impitoyablement pourchassé par une société qui désavoue son passé.
Avis :451 degrés Fahrenheit. La température à laquelle un livre s’enflamme selon Bradbury. Et le symbole, avec la Salamandre (animal de feu), des pompiers dans la société décrite ici.
Fahrenheit 451 est publié aux États-Unis pour la première fois en 1953. On est en plein dans le maccarthysme, la poussée la plus extrême de la peur du “péril communiste” née quasiment aussitôt après la Seconde Guerre Mondiale. L’affaire la plus retentissante de cette période fut celle des époux Rosenthal, arrêtés en 1950, condamnés en 1951, et finalement exécutés en 1953. Il est fort probable que Bradbury ait imaginé Fahrenheit 451 après les débuts de cette affaire,et après les premières persécutions dans le milieu littéraire et artistique envers les personnalités soupçonnées de sympathie communiste (le maccarthysme a poussé Charlie Chaplin à s’exiler, par exemple, et Philip K.Dick a développé sa paranoïa du fait de ses sympathies communistes).
On pouvait alors se faire arrêter sur simple dénonciation sans preuves, tellement on avait poussé la peur et le fascisme.
Bon, je devine que je vous emmerde avec mes leçons d’Histoire, mais il est parfois important de resituer le contexte d’une œuvre. Surtout pour celle-ci.
Car on entre ici dans une société totalitaire, dénuée d’esprit critique et de réflexion, qui n’hésite pas à nier son Histoire, et qui cristallise tout cela par la prohibition du média qui permet le plus, depuis bien longtemps, de transmettre des idées et de faire réfléchir, en plus d’imaginer : le livre.
Nous sommes non seulement dans une critique ouverte du maccarthysme, mais aussi de la société en général, qui est encore valable aujourd’hui. Dans la société selon Bradbury, on a annihilé tout esprit critique, toute possibilité de réflexion.
Par la prohibition, bien sûr, mais aussi par la technologie, le matraquage publicitaire…
Pas une fois on a le temps de réfléchir, ici. Pris dans la vitesse (les voitures roulent à un minimum obligatoire de 80 kilomètres/heure, et on est plus souvent dans les 150…), le matraquage publicitaire (pubs agrandies pour s’adapter à la vitesse, messages répétés dix fois…), et un incessant verbiage vide (la télé est remplacée par les murs qui transmettent d’affligeantes banalités vides de sens et de réflexion), le peu de temps libre qu’on peut avoir est en fait du temps de cerveau disponible pour du formatage par la pub et la société.
Tiens, ça me rappelle ce que l’ancien patron de TF1 disait vendre à Coca-Cola à travers ses espaces pubs… Quand je disais que le propos restait valable.
Société mécanisée, fascisée, automatisée, paranoïaque… Une description bien pessimiste, mais tel était le maccarthysme. Et telle est (enfin, moins ^^) notre société actuelle, entre pubs et télé-réalité.
Il suffit d’un grain de sable, d’une seule prise de conscience, pour gripper et contrarier la machine. Et ici, ce grain de sable s’appelle Guy Montag. Un pompier qui va commencer à avoir des doutes sur le bien fondé de sa mission, et va se rebeller lentement contre le système en voulant faire la lumière sur lui-même et ses doutes.
Et il va découvrir comment on en est arrivé là grâce à un autre personnage…
C’est simple. On y est arrivé en se taisant, en ne réagissant pas, et la majorité fascisante a pris le pouvoir.
Ce livre n’est pas un simple livre de SF. C’est un cri d’alerte, une invitation à réagir face à ce qui ne va pas, une demande à se lever et se battre pour ce qui est juste et pour préserver l’Histoire, le patrimoine, la réflexion…
Et il est toujours aussi actuel.
Bien plus qu’un simple livre, c’est une pièce maîtresse de la société et de la liberté d’expression et de pensée.
Les Messagers de la Mort
Au Jeu des Trônes, il faut vaincre ou périr. George R.R Martin -
Le Trône de FerLe bien et le mal ne dépendent pas de ce qu'un homme fait, mais de ce qu'il ressent. Philip K.Dick
Le Mal est relatif, annaliste. On ne peut pas lui mettre d’étiquette. On ne peut ni le toucher, ni le goûter, ni l’entailler avec une épée. Le Mal dépend de quel côté on se trouve, de quel côté on pointe son doigt accusateur. Glen Cook -
La Compagnie Noire