Yumiko Igarashi, qu’on ne présente plus tellement sa renommée est grande, a fait l’honneur aux Français de venir à la
Japan Expo 12ème impact.
Très enthousiaste et loquace, elle se prête avec grand plaisir au jeu
de l’interview. Toutes ces années en tant que dessinatrice n’ont fait
que rajeunir la mangaka. Souriante, enjouée et dynamique, Yumiko
Igarashi était ravie de confier les secrets de ces séries qui ont nourri
l’imaginaire de chacun pendant toute notre enfance. Candy et Georgie
sont tels des mythes, dont aucun individu ne peut nier les avoir
appréciées au moins une fois pendant sa jeunesse, certains continuant à
les aimer encore à l’âge adulte. C’est donc avec beaucoup de simplicité,
mais aussi, il faut le dire, un serre-tête à oreilles de chats, que
l’invité d’honneur du plus grand festival de la culture et des loisirs
japonais en Europe a répondu à nos questions.
Comment est né le personnage de Candy ?C’était
juste au moment où j’étais en train de réfléchir sur la prochaine série
qu’on allait écrire, celui qui coordonne mon travail avec la boîte
d’édition, quand il rentrait chez lui, voyait sa femme et sa fille
regarder Heidi qui passait à la télévision en animation à l’époque. A ce
moment-là, c’est comme ça qu’il m’a demandé de créer un manga qui
pourrait être lu autant par les mères que les filles, qui pourrait être
apprécié par deux générations.
Pourquoi avoir choisi le nom de Candy ?Je
suis fan d’une actrice américaine, qui s’appelle Candice Bergen. Et son
diminutif est Candy. Je trouvais ça très mignon, et c’est ce qui m’a
donné l’idée du prénom de Candy pour mon personnage.
Vous
êtes dessinatrice dans vos séries Georgie et Candy. Mais aviez-vous de
l’influence si vous désiriez intervenir dans le scénario ?Pour
Candy et Georgie, j’avais déjà réfléchi à une histoire que j’avais
coordonnée avec l’éditeur. Ensuite, j’ai fait appel à une scénariste
pour mettre sur papier la mise en scène. C’est moi qui ai donné le nom
de Georgie au personnage, et Candy aussi. Donc oui, j’ai énormément
participé au scénario.
Dans quelle mesure avez-vous participé à l’élaboration des adaptations en animé de vos œuvres ?Pour
les œuvres qui ont été adaptées en animé, j’ai créé l’affichage des
personnages, avec leur taille, et tous leurs détails. Les personnages
évoluent tout de même avec l’adaptation, car ça n’est pas moi qui
dessine pour le petit écran, mais une autre personne.
Pour
l’adaptation de Candy, on constate quelques différences flagrantes avec
le manga, notamment la présence d’animaux. Pourquoi ?La
version en animé est vraiment une version pour des enfants encore plus
jeunes que la version manga, donc pour un public qui ne sait pas encore
lire. La présence des animaux permet d’attirer davantage les jeunes
enfants, par le côté mignon. Pendant la séance de dédicaces, des fans me
disaient qu’ils regardaient Candy depuis l’âge de trois ans ! Cela
prouve bien que l’animé a atteint la petite enfance. (Yumiko Igarashi
avait l’air ravi de rencontrer des fans adultes, qui n’avaient pas
oublié leurs héroïnes d’enfance)
Pour la version en
animé de Georgie, son enfance prend une part importante dans l’histoire,
contrairement au manga. A quoi est due cette différence ?Lorsque
j’ai écrit Georgie, j’ai voulu faire un manga pour un public un peu
plus âgé, avec des thématiques plus adultes, et sexy. Georgie est plus
femme que Candy, et a un physique plus adulte. Même si on voit la culote
de Candy, ça n’est pas du tout érotique ! Pour la description de
l’enfance de Georgie dans la version animée, c’était la volonté de la
boîte qui a créé l’animé d’allonger cette partie, pour pouvoir toucher
une population plus jeune. Cette version de l’histoire est très
mignonne, alors je l’aime aussi.
Exposition consacrée à la mangaka à Japan Expo:Candy reste une série culte en France. Qu’en est-il pour le Japon ?C’est pareil au Japon, tout le monde connaît Candy, même si les gens ne connaissent pas mon nom !
(rires)Dans vos histoires, les héroïnes doivent faire face à des épreuves difficiles. Quel message souhaitez-vous faire passer ?C’est
en acceptant la perte de quelque chose importante, qui nous tient à
cœur, qu’on arrive par la suite à ressentir énormément de bonheur sur
autre chose. J’essaie toujours de faire passer un message, disant qu’il
faut réussir à surmonter et vivre après les coups durs.
Pourquoi les histoires de vos œuvres se déroulent-elles en occident ?Si
ce sont des personnages japonais, les lecteurs s’identifient beaucoup
plus. Le problème des vacances scolaires, la raison pour laquelle
l’héroïne n’a pas de parents, vont alors se poser. Le lecteur ne va pas
trouver l’histoire plausible. Donc si ce sont des personnages blonds aux
yeux bleus, ils font partie d’un tout autre univers que le lecteur. Il
accepte alors plus facilement l’histoire, et en profite beaucoup plus.
Quelles évolutions avez-vous pu constater dans le shojo, pour les personnages féminins ?Les
dessins ont un niveau beaucoup élevé ! Aujourd’hui, les premières
publications d’un auteur donnent l’impression qu’il a dessiné pendant
des années et des années. Au niveau technique, il y a eu une évolution
incroyable. (Nous lui faisons remarquer que les dessins de son époque
sont parfois incroyablement travaillés, notamment grâce aux yeux pleins
d’étoiles, et aux multitudes fleurs qui donnent de la couleur au manga,
malgré les pages en noir et blanc. Mais Yumiko Igarashi reste
émerveillée par les nouveaux talents) Il y a des modes dans le monde du
manga. Et peut-être que le genre de dessins avec les yeux brillants et
les fleurs reviendra !
Quels sont vos projets ?Juste
avant de venir en France, j’ai travaillé sur le projet d’un livre, dans
lequel 65 planches de moi y seront présentées. Ce cahier sera publié en
septembre 2011. Et une nouvelle série va commencer, sur la première
femme de Napoléon : Joséphine de Beauharnais.
Source : http://www.manga-news.com/index.php/actus/2012/08/20/Interview-Yumiko-Igarashi
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