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Une jeune fille à la chevelure miel courait dans le parc de l’hôpital. Une douleur intense la tenaillait, cependant aucun médecin ne pouvait l’aider à soigner ce mal. Tandis qu’elle fuyait toujours, son bras fut retenu, l’obligeant à s’arrêter. Faisant face à l’inconnu, ses pleurs redoublèrent. Puis plongeant dans son regard, qui était triste et désolé, elle ne put s’empêcher de frapper de ses petits poings le torse du jeune homme. Celui-ci se laissa faire, subissant les coups, ne pouvant rien faire pour stopper la tristesse qu’elle avait. S’épuisant, elle se rapprocha et posa sa tête sur le torse du Chinois, les pleurs continuant. Ce dernier sentit une habitude lui revenir et il voulut prendre dans ses bras la fille en pleurs. Mais au moment où il allait la toucher, il arrêta son geste. Ses mains tremblaient, puis se serrèrent de colère pour retomber le long de son corps. Il savait qu’en la prenant dans ses bras, cela rassurerait la jeune fille mais n’arrangerait rien à la situation. Il sentit une larme poindre au coin de l'œil et préféra relever la tête, espérant arrêter le processus.
Finalement calmée, Sakura releva son visage vers celui qu’elle aimait. Son regard embrumé de larmes rencontrait le regard ambre de Shaolan. Elle se mit sur la pointe des pieds, rapprochant leurs visages … Mais le Chinois tourna la tête, et la repoussa délicatement en posant les mains sur ses épaules.
Une tristesse infinie se lisait dans les deux émeraudes. L’adolescente se dégagea de son emprise et se retourna.
Sakura – Alors ca y est, tout est terminé ? Tu ne ressens plus rien pour moi ?
Shaolan – Pardonne-moi mais … Je suis vraiment très amoureux de Tomoyo. Toi je t’aime beaucoup et je t’apprécie, mais …
Sakura – Mais elle t’a séduit alors que je n’étais plus là. Et elle ose se dire mon amie.
Shaolan – Arrête. Tu ne sais pas.
Shaolan avait haussé la voix. Jamais il n’avait fait cela avant. Sakura, choquée, porta toute son attention au jeune homme.
Shaolan – Sache qu’elle a été toujours une amie véritable pour toi. Et que si tu dois blâmer quelqu’un, c’est moi. C’est mieux que tu saches la vérité sur ce que je ressens. Je … Je n’éprouvais plus les mêmes sentiments à ton égard. Je pensais à toi, je t’aimais toujours mais plus de la même façon. Plus comme un ami que comme un amoureux. Tu n’y es pour rien, c’est moi. Je n’ai pas le droit de te demander de ne pas m’en vouloir. Et je préfère même que ce soit sur moi que tu reportes ta colère plutôt que sur Tomoyo qui n’est pas responsable.
Alors qu’elle était sûre que son cœur ne pouvait subir plus de dégâts, Shaolan avait réussi cet exploit avec ses dernières paroles.
Sakura – Pourtant il faut être deux pour s’embrasser. Il faut être deux pour s’aimer. Tu as beau dire, elle est coupable elle aussi.
Shaolan – Je … Tu as raison, il faut être deux mais …
Sakura
le coupant – Je ne peux pas m’empêcher de t’aimer, mon cœur ne bat que pour toi, même s’il est en morceau. Je suis incapable de t’en vouloir.
Son regard se perdit de nouveau dans celui de Shaolan.
Shaolan – Je suis vraiment navré que les choses se déroulent ainsi.
C’était plus qu’elle ne pouvait subir. La fleur de cerisier décida de partir, laissant le jeune Chinois sur place. Ce dernier voulut lui courir après, la rattraper pour la serrer dans ses bras, s’excuser, …
Mais il ne fit rien. Il serra ses poings devant le fait de ne rien pouvoir faire, devant le fait d’être la cause de son chagrin. La larme précédemment refoulé revenait à l’assaut et devant l’absence d’obstacle, elle vint en cortège avec ses amies.
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Les deux jours suivants, Sakura rendait visite à Sonomi, Tomoyo arrivait peu après et Sakura s’en allait sans un regard pour son ancienne amie. Sonomi en eut assez et décida de s’en mêler. Elle demanda à sa fille de ne pas passer le lendemain tant qu’elle ne l’appellerait pas. C’est ainsi que la PDG se retrouva enfin seule avec la jeune fille au cœur brisé. Sakura lui parlait de tout et de rien jusqu’au moment où la femme alitée prit les choses en main.
Sonomi – Sakura, nous sommes seules ici ma chérie. Si tu veux me parler, je suis là pour t’écouter.
Sakura – Woé ?
Sonomi – Je veux dire que tu peux tout me dire, tout de ce qui te rend si malheureuse.
Sakura
comprenant et affichant une mine triste – Il n’y a rien, aucun problème. Ne vous …
Sonomi
avec une voix douce – Sakura. J’ai tellement envie de revoir ton beau sourire, ça m’aidera à guérir. Alors n’aie pas peur, dis moi tout. Cela me fend le cœur de te savoir fâchée avec ma fille. Ta meilleure amie.
Sakura ne dit plus rien, laissant simplement son regard vagabonder par la fenêtre.
Sakura – Moi aussi. Mais comment réagir face à cela. Lorsque Papa a rencontré Maman, vous aussi avez été fâchée, blessée. Vous lui en avez voulu longtemps, peut être même encore maintenant. Alors pourquoi moi je ne pourrais pas en faire de même ?
Sonomi – Même si je n’apprécie pas ton père, ce n’est pas pour cela que je me suis fâchée avec Nadeshiko. Si mes souvenirs sont exacts, tu as déjà vécu une situation assez semblable, non ? Et pourtant, tu ne t’es pas éloignée des deux personnes qui étaient la cause de ta souffrance. Sache que l’amour peut être magnifique mais pas forcément éternel. L’amour ne se commande pas, et malheureusement, il arrive ce qui doit arriver. Ce n’est facile pour personne, je sais de quoi je parle. Mais il faut savoir pardonner pour avancer. Je vais bientôt sortir d’ici, et j’aimerais que mes deux filles viennent me chercher.
Sakura s’était tournée vers elle. Sa manière de lui parler avait été si douce, emprunt d’une telle gentillesse. Elle tomba dans ses bras, heureuse de se sentir aimée. C’est ce dont elle avait le plus besoin en ce moment. Se sentir aimée. Ce manque d’affection correspondait avec le fait qu’elle n’avait plus Tomoyo et Shaolan à ses cotés.
Sakura – Je vais y réfléchir.
Les deux femmes discutèrent tout le reste de la journée. Sonomi activa discrètement son portable, signe que Tomoyo pouvait passer. Au moment où Sakura partait, elle tomba nez à nez avec elle. Toutes deux restèrent interdites. Un dernier regard vers Sonomi puis la fleur de cerisier s’adressa à la jeune fille.
Sakura – Pourrais-tu me suivre s’il te plait ?
Tomoyo – Euh … Oui.
La voix tremblante de Tomoyo n’était en rien comparable à celle qu’elle avait lors de ses concours de chant. Cette voix si faible était le reflet de ce qui se passait, de ce qu’elle était sans Sakura : l’ombre d’elle-même.
Les deux filles arrivèrent dans le grand hall, près des portes de l’hôpital. Sakura se tourna vers la jeune fille au teint pâle. Cela faisait longtemps que la magicienne ne s’était pas sentie aussi nerveuse, elle triturait ses doigts, avait le visage baissé, prenait de grandes inspirations. Tomoyo de son côté était inquiète. Elle ne savait pas à quoi s’attendre. Ces derniers jours, son amie l’avait évitée, mais là elles étaient de nouveau réunies. Finalement ce silence si lourd se brisa par une Sakura prête.
Sakura – Ta mère m’a dit quelque chose de très intéressant.
Tomoyo – Vrai… Vraiment ? Et qu’est-ce que c’est ?
Sakura – Que l’amour ne se commande pas et qu’on ne peut savoir sur qui cela tombe. Je pense qu’il y a du vrai là dedans. Regarde mon frère et Yukito. Ils s’aiment vraiment, et cela quoi qu’on en dise. Pourtant leur amour ne sera pas facile mais ce n’est qu’auprès de l’autre qu’ils se sentent bien. Moi … Pour moi cette personne c’est Shaolan. Tu vois ce que je veux dire.
Tomoyo – Oui.
Sakura
lui prenant les mains – Mais en même temps, je t’aime aussi Tomoyo. Je ne peux penser vivre sans que tu sois avec moi. J’ai besoin de ton affection, de ta présence. J’aurai beau me le cacher, me dire que je ne veux plus te voir, ce ne serait que mensonge. Tu m’es précieuse ma Tomoyo.
Tomoyo
les yeux commençant à reprendre espoir – Pour moi aussi tu es irremplaçable ma Sakura. Je sais que je ne mérite pas ton amitié, mais tu resteras toujours celle qui est la plus importante pour moi.
Sakura
lâchant les mains et faisant un pas en arrière – J’ai envie de te croire. Mais ça fait trop mal. Je pense que … je ne peux pas t’accorder mon pardon tout de suite. Cette confiance que j’avais ne sera pas restaurer aussi facilement. Mais au moins, on peut peut-être redevenir amie. Juste amie pour l’instant.
Tomoyo
triste – Juste amie ?! Bi … Bien. Alors soyons au moins amie.
ooooo0O0ooooo
Les jeunes gens venaient de finir de s’habiller. Ils allaient quitter cette chambre à regret. Ce lieu serait à jamais le gardien d’un des moments les plus importants de leurs vies. Alors qu’ils prenaient place dans l’ascenseur, un dernier regard, un dernier baiser en ces lieux, et les portes de ce paradis se refermèrent. Tandis qu’ils redescendaient, ils observaient la ville se rapprocher d’eux. Shaolan, gardant un bras protecteur autour de sa compagne, semblait ailleurs.
– Tu penses à quoi mon cœur ?
– Rien. Ou plutôt au fait que notre enfance va prendre fin.
– Ah ? Tu trouves que ce n’est pas déjà fait ?
La jeune femme lui avait lancé cette phrase avec un regard malicieux. Le Chinois eut quelques rougeurs, ce qui fit rire sa belle.
– Non, je … je ne parlais pas de ça. Je voulais surtout dire que nous allons tous partir vers des chemins différents.
– C’est vrai. Tu vas aller à l’université de Tokyo, suivre les cours du père de Sakura.
– Et toi dans cette école de stylisme. Sakura a finalement choisi sa voie ?
– Non pas encore. Elle hésite beaucoup. Je lui ai conseillé de se lancer dans le mannequinat comme sa mère, mais elle préfère justement prendre une autre voie, une qui sera bien à elle.
– Je vois. Il vaut mieux qu’elle prenne son temps pour choisir des études qui lui plaisent.
– C’est préférable. Elle va utiliser ses vacances pour visiter différentes écoles. Toya et Yukito vont l’accompagner. Tu connais Toya, il n’était pas rassuré de laisser sa petite sœur partir seule dans ce genre de voyage.
– Je me doute bien. Même s’il ne le reconnaitra jamais, il a toujours été comme ça.
Oui toujours.
ooooo0O0ooooo
Trois mois s’étaient écoulés et les choses s’amélioraient doucement. La convalescence de Sonomi était l’excuse parfaite pour que les deux jeunes filles reprennent contact en douceur. Tout n’était pas parfait, Tomoyo le savait mais au moins, elle pouvait de nouveau voir Sakura et lui parler. Cette dernière, bien qu’elle ne l’admette pas, avait plaisir à retrouver son amie d’enfance. Rien n’était oublié mais elle était sur le chemin du pardon, même si cela prendrait du temps.
Les choses revenaient à la normale aussi chez Sakura. Kéro mettait de la bonne humeur dans la chambre, Toya recommençait à lancer quelques piques à sa sœur. Fujitaka s’était beaucoup inquiété mais Sonomi le gardait au courant de l’évolution par téléphone.
L’atmosphère dans la bande d’amis aussi était plus détendue, Sakura retrouvait son sourire et tous en étaient heureux. Seule ombre au tableau : Shaolan.
Elle ne lui avait plus adressé la parole depuis l’affaire de l’hôpital. La vérité était que la demoiselle n’était toujours pas prête à le regarder en face et à lui parler sans fondre en larmes. Elle en était toujours amoureuse. Alors encore et toujours elle l’évitait. Quand c’était impossible, elle se renfermait sur elle-même.
Le Hongkongais avait été plutôt exclu des changements récents mais c’était sa volonté. Il savait que sa présence n’aurait pas été bénéfique pour la relation entre les deux amies et il voulait éviter au maximum d’être une gêne. Il rendait visite à Sonomi quand il savait qu’il n’y avait aucun risque et passait le soir chez Tomoyo pour la voir. C’était le moment de la journée qu’il attendait le plus, même s’ils se voyaient de moins en moins depuis qu’elle reparlait à Sakura. Bien qu’ils soient ensemble, leur relation semblait au point mort. Tomoyo avançait doucement dans cet environnement inconnu et lui ne voulait pas la brusquer.
Enfin ce n’était pas tout à fait vrai. Il avait surtout peur, peur que les choses changent alors qu’un faible équilibre avait été atteint, peur d’aller trop vite, peur d’y prendre goût mais surtout peur d’aimer. Il savait que s’il se laissait aller, il voudrait être avec Tomoyo tout le temps, se montrer ensemble dans la rue, au lycée. Et il ne voulait pas le faire maintenant. Il n’avait toujours pas reparlé à Sakura. Elle continuait de l’éviter et il préférait faire de même, ne sachant quelle attitude prendre.
Il n’en avait jamais parlé mais depuis le début de cette histoire, il souffrait lui aussi. Quand ses sentiments pour Sakura se sont adoucis, il ne savait pas du tout comment réagir et avait préférer rester immobile comme la montagne. Mais c’était sans compter sur le destin qui avait un bien curieux sens de l’humour. Alors qu’il n’aimait plus Sakura de la même manière, des sentiments nouveaux se développèrent et il fallut que ce soit pour sa meilleure amie. Il s’en était voulu plus que tout au monde quand il avait embrassé cette dernière. Il se sentait mal, mal par rapport à Sakura, par rapport à Tomoyo et par rapport à lui-même.
Comment avait-il pu faire ça ? Cette question le rongeait de l’intérieur mais une douce voix lui susurrait que c’était l’amour. L’ayant déjà connu, il savait que c’était vrai mais il ne pouvait l’accepter. Et puis cela se reproduisit. Un nouveau baiser. Il avait mis tout son cœur dans celui-ci et avait reçu de même en retour. Le doute n’était plus permis : il était en train de tomber amoureux. De nouveau. D’une autre.
Bien que jeune, il avait dû affronter bien des obstacles, il avait combattu contre des adversaires physiques, de la magie, mais jamais il n’avait dû faire face à de vrais sentiments amoureux contradictoires. Il s’était alors rappelé un conseil de Yué, l’autre Gardien des cartes : "Si tu te calmes et que tu écoutes ton cœur, tu sauras vers qui vont tes sentiments".
Alors que ses pensées n’allaient avant que vers Sakura, de plus en plus d’images de Tomoyo investissaient son esprit pour finalement le remplir. Le jeune Chinois devait se rendre à l’évidence, il aimait Tomoyo.
C’est cette révélation qui l’avait motivé à tout avouer à Sakura, avec les répercussions qui en découlaient. Il avait fait de son mieux pour paraître fort devant Tomoyo afin de la soutenir. Il avait tenté de discuter au début avec Sakura afin d’aplanir les choses mais cette dernière ne souhaitait pas lui parler. Il assista ainsi à la tristesse de ces jeunes filles et il ne savait que faire. Même si c’est triste à dire, l’accident de Sonomi avait permis leur rapprochement. Et lui, pendant ce temps là, il s’était tenu loin.
Le plus dur était d’éviter Sakura, que ce soit en cours ou en allant à l’hôpital. Dès que le jeune couple rencontrait la Chasseuse de cartes, l’atmosphère devenait pesante, glaciale, à tel point qu’il trouvait toujours une excuse pour s’en aller et laisser les adolescentes seules. Le Chinois voyait toujours dans les yeux de Sakura une telle tristesse. Il se savait être le coupable et comme il ne pouvait rien faire, mieux valait accepter la situation et faire profil bas.
Mais jusqu’à quand ? Quand pourrait-il enfin reparler à Sakura, reprendre leur amitié ? Etait-ce seulement possible ? Et surtout quand pourrait-il se balader librement, main dans la main avec la fille qu’il aimait ?
De plus en plus souvent, il prêtait main forte aux différentes équipes sportives du lycée. Il avait le temps et il faut dire qu’il était un athlète accompli. Il excellait dans tous les sports et donc aidait les différents clubs, rappelant un ancien étudiant aux cheveux gris.
Pouvoir se dépenser physiquement était un moyen de calmer le chaos de son esprit. Il avait de la colère envers lui-même, de la tristesse d’avoir blessé de nombreuses personnes, de la culpabilité envers Sakura, du dépit de ne pas avancer dans sa relation avec Tomoyo… Il portait ce fardeau sans se plaindre, après tout il avait perdu ce droit à ses propres yeux.
Il se réfugiait alors dans le sport, faisait tout pour suer sang et eau, jusqu’à ne plus sentir ses muscles. C’était comme une pénitence, son chemin de croix.
Chaque dimanche matin, il allait courir afin d’évacuer tous les problèmes de sa tête. Il choisissait toujours un itinéraire loin des endroits que fréquentaient Sakura, pour ne pas tomber par hasard sur elle. A mi-chemin il s’arrêtait toujours chez le même glacier afin de se reposer un peu. Malheureusement, il fut surpris de croiser Toya et Yukito. Le grand brun lui lançait un de ses regards incendiaires dont il avait le secret tandis que son compagnon avait une lueur triste dans le regard. Shaolan les salua et s’apprêtait à repartir quand il fut interpellé par Yukito, lui proposant de se joindre à eux pour déguster une glace.
Yukito – Alors que fais-tu par ici ?
Shaolan – Je faisais mon footing.
Yukito – Mais pourquoi n’es-tu pas chez Tomoyo ?
Shaolan – Oh, euh … sa mère recevait Sakura et donc je ne préfère pas …
Toya – Tu fuis lâchement.
Yukito – Toya !!!
Shaolan
baissant la tête – Non, il a raison.
Yukito – Si je ne me trompe pas, vous ne vous êtes toujours pas reparlé avec Sakura.
Shaolan – C’est exact. Je ne crois pas qu’elle souhaite me voir.
Yukito – Et toi ?
Shaolan – Je ne sais pas trop. J’ai peur qu’en la voyant, je ne sois pas capable de me tenir à mes résolutions.
Toya
fulminant de plus en plus – Ca veut dire quoi ça ? Tu vas tromper Tomoyo avec ma sœur maintenant ? Lui redonner espoir avant de rechanger d’avis ?
Yukito – Toya, calme toi.
Shaolan – Je …
Yukito – Pourquoi penses-tu cela ? N’aimes-tu pas Tomoyo ?
Shaolan – Si bien sûr.
Yukito – Alors pourquoi ?
Shaolan – Tomoyo et Sakura sont en pleine redécouverte de leur amitié. Je n’ai simplement pas ma place entre elles.
Yukito – Tu ne m’as pas répondu.
Shaolan – J’ai peur, peur de céder, pas par amour mais par tristesse, par pitié, par culpabilité … Je ne veux pas brusquer les choses. Je crois qu’il est préférable d’attendre, même si cela veut dire moins voir Tomoyo.
Yukito – Et cela te convient ?
Shaolan – C’est ma faute si on en est arrivé là. Je n’ai pas le droit de me plaindre.
Toya
le coupant – Et donc voilà ? Tu te complais dans le rôle du méchant, portant le poids du monde sur tes épaules. C’est un peu facile. TU es le coupable, TU es l’égoïste par qui tout cela est arrivé, mais maintenant, si tu abandonnes la raison de ton choix, que crois-tu qu’il risque d’arriver ?
Shaolan – …
Toya – Tu savais que ma sœur et toi alliez être malheureux, mais tu pensais que Tomoyo serait épargnée ? Réveille toi, la situation dans laquelle tu te trouves n’est facile pour personne. Si tu restes à ne rien faire, peut être que ma sœur ira mieux mais c’est Tomoyo qui déclinera et évidemment Sakura se sentira responsable et tout ce que tu auras fait c’est d’ajouter plus de tristesse.
Yukito – Ce que veut dire Toya, c’est que tu ne dois pas prendre à la légère ta nouvelle relation avec Tomoyo sous peine de la perdre elle aussi. Certes ce n’est pas le moment idéal, mais si tu ne provoques pas un peu le cours des choses, le bon moment ne viendra jamais. Tu n’as pas à faire le fier alors que tu es également touché par tout cela. Il ne faut pas négliger ce pour quoi tout cela est arrivé : tes sentiments pour Tomoyo.
Shaolan – Je le sais bien. C’est juste que je ne suis pas sûr de ce que je dois faire. Comme le disait Toya, je suis coupable de cette situation. J’aurais du faire part du changement de mes sentiments à Sakura plus tôt. Cela aurait peut être amélioré les choses. Mais je ne peux pas simplement me balader main dans la main avec Tomoyo, même si j’en rêve. Ca ne serait pas correct envers Sakura.
Yukito – Tu ne peux pas attendre. A rester comme ça, que ce soit Sakura ou Tomoyo, aucune ne pourra être heureuse.
Toya – C’est parce que tu as joué les attentistes que cette situation a vu le jour. Ne vas-tu pas apprendre de tes erreurs ?
Yukito – Il a raison, il faut que tu agisses toi aussi pour faire en sorte que cette situation se termine.
Shaolan
ne tenant plus – Tu ne me juges pas d’avoir laissé Sakura ? Tu ne trouves pas que je sois un monstre pour ce que je lui ai fait ? D’être tomber amoureux de sa meilleure amie ?
Yukito – La vraie question est de savoir si toi tu t’en veux. Je pense que l’amour ne se choisit pas. Cela a été Tomoyo comme cela aurait pu être une autre, ou même un autre. C’est si tu avais menti à Sakura ou si tu l’avais trompé en poursuivant ta relation avec que je t’en aurais voulu. Si tu trouves le bonheur avec Tomoyo, alors c’est avec elle que tu dois être.
Shaolan – …
Toya – Tu te souviens de ce que je t’avais dit Morveux? Que tu devais prendre soin de Tomoyo. Sache que je tiens à elle comme à Sakura, et que si tu la rends malheureuse elle aussi, ce n’est pas une seule poche de glace dont tu auras besoin.
L’avertissement de Toya résonna dans l’esprit du jeune homme. Il se souvenait que trop bien de la douleur à la mâchoire.
Yukito
souriant – Il n’y a pas à dire, il en prend soin de ses petites sœurs le grand frère.
Toya
gêné et donc irrité – Oh ça va lâche moi.
Yukito – Honnêtement, comment te sens-tu ?
Shaolan – Je me sens surtout perdu. Quand j’ai réalisé que je n’aimais plus Sakura comme avant, je ne savais pas vraiment quoi dire. Et je suis tombé amoureux de Tomoyo, comme si c’était la chose la plus naturelle du monde. Je ne sais pas comment faire cohabiter ces sentiments.
Yukito – Il faut que tu te poses la question : comment veux-tu que cette histoire finisse ?
Shaolan – Je souhaite que tout rentre dans l’ordre.
Toya – Et pour toi, ça veut dire quoi ?
Shaolan – Eh bien, que nous soyons de nouveau amis avec Sakura. Et que je puisse sortir avec Tomoyo au grand jour.
Yukito – Et que comptes-tu faire ?
Toya – La réponse ne va pas arriver comme par magie gamin.
La remarque ne manquait pas d’ironie. C’est vrai qu’il avait pensé à utiliser la magie, mais ce serait une erreur, et il en avait déjà commise assez. Ce problème devait se résoudre de la seule manière possible.
Shaolan – Il faut que je parle à Sakura et que je fasse le premier pas avec Tomoyo.
Yukito
lui souriant – C’est la bonne solution.
Shaolan – Reste encore à savoir comment faire. Même si moi je ne l’évite plus, rien ne dit qu’elle acceptera de me parler. Je sais par Tomoyo qu’elle évite ma présence. Mais je ne me dégonflerai pas, je ferai tout pour qu’on puisse enfin mettre les choses au clair pour aller de l’avant.
Yukito – C’est le mieux. Il reste plus qu’à trouver comment faire pour que tu puisses la voir seul à seul.
Toya – C’est vrai, ce n’est pas comme si, depuis l’accident de Sonomi, elle passait chaque mercredi après les cours par le Temple Tsukimine pour aller prier. Bon tu viens Yuki, on y va.
Yukito
souriant – Toya.
Shaolan
se levant et s’inclinant – Toya. Merci beaucoup. Merci à tous les deux.
Toya – Hmmm. A toi de jouer gamin.
Yukito – Ce qu’il veut dire c’est bonne chance et on espère que tout s’arrangera au plus vite.
Les deux étudiants laissèrent le plus jeune à ses pensées. Il devait absolument faire face et ne plus hésiter avec Tomoyo. Il devait montrer qu’il croyait en leur relation pour que cela la rassure. Et afin qu’elle puisse évoluer correctement, il fallait crever l’abcès avec Sakura, en lui parlant et en écoutant ce qu’elle avait sur le cœur. C’est avec cette énergie nouvelle qu’il retourna chez lui, plus vite que jamais. Une fois rafraichi par une bonne douche, il envoya un message à Tomoyo, lui demandant s’ils pouvaient se voir l’après midi. La réponse ne se fit pas attendre. Le Chinois se prépara, il choisit une tenue sobre, un pantalon beige et un polo noir anthracite, qui soulignait néanmoins ses muscles. Les activités sportives de ces derniers mois lui avaient forgé une belle musculature, juste ce qu’il fallait pour accentuer le charme naturel du jeune homme. Une fois habillé, il décida d’aller un peu plus tôt chez Tomoyo. Il avait besoin de lui parler, de la voir, de lui prouver qu’il tenait à elle. Cette relation distante n’était pas le mieux et il savait maintenant que c’était à lui d’agir pour que ce ne soit plus le cas.
Ce fut Sonomi qui vint accueillir Shaolan, sa fille se préparant à le recevoir. Il pouvait savoir grâce à elle comment se passait la relation Sakura/Tomoyo. Aux dires de la femme d’affaires, les choses évoluaient doucement, mais elle craignait qu’au moindre souci, le fragile lien qui les unissait de nouveau se détériore.
Etait-ce finalement une si bonne idée que ça de parler à Sakura ? Ne devait-il pas encore attendre un peu que le rapport entre les jeunes filles se stabilise un peu ? Ou alors ne cherchait-il pas encore à fuir la situation ? Oui encore une fois, il se conduisait en lâche.
L’arrivée de Tomoyo lui coupa le fil de ses réflexions. En même temps la jeune fille méritait bien qu’on lui accorde toute son attention. Elle portait une robe longue sans manches aux reflets lilas tenue par deux bretelles, un léger maquillage qui faisait ressortir ses yeux violets, ses cheveux étaient lâchés et ondulaient légèrement. D’abord sans voix, le jeune homme rejoignit finalement sa compagne, lui adressa un vague bredouillage et finit simplement par lui déposer un baiser sur la main.
La jeune fille était heureuse de la réaction suscitée. Les moments qu’elle passait avec son petit ami étaient rares alors quand ils se voyaient, ils en profitaient pour apprécier chaque instant.
Tomoyo invita Shaolan dans sa chambre et demanda à ce qu’on fasse apporter du thé un peu plus tard. Une fois la porte close, Shaolan retint la demoiselle par son bras et l’attira à lui. Sans un mot il l’enferma dans ses bras. Il voulait simplement gouter au plaisir de pouvoir sentir son parfum, de la savoir tout près de lui et plus que tout, lui prouver son attachement.
L’adolescente fut tout d’abord surprise, puis gênée et finalement elle apprécia le moment. Elle n’était pas habituée à cela, ce genre de choses était nouveau pour elle. Jusqu’à maintenant, ils n’avaient partagé que quelques baisers.
Mais pour la première fois depuis longtemps, Tomoyo se sentait bien et aimée. La jeune fille découvrait la vie en tant que couple. Elle aimait être dans les bras de Shaolan, elle se sentait protégée. Ainsi, elle avait l’impression qu’aucune force au monde ne pouvait les séparer. Elle prit le temps de lever les yeux sur le visage de son compagnon. Il affichait une assurance qu’elle ne lui connaissait plus depuis la chasse aux cartes. Sauf qu’il n’était plus question de magie, si ce n’est celle qui naissait entre eux.
Gardant cette position, Shaolan inclina légèrement la tête pour voler un baiser à sa douce. C’était un baiser doux et tendre, proche mais différent des précédents. Elle se sentait fondre, perdre pied juste sous cette caresse exquise. En quittant ses lèvres, il lui caressa le visage en souriant, appuya son front contre le sien pour finalement l’enlacer. N’ayant pas l’habitude, un léger frisson parcouru tout le corps de l’adolescente.
Tomoyo
rouge de gêne – Eh bien, je … je ne m’attendais pas à ça.
Shaolan – Tomoyo, je suis navré de ne pas t’avoir suffisamment montré comme je tiens à toi.
Tomoyo
complètement rouge – C’est une manière fort agréable de le faire. Mais pourquoi d’un seul coup ?
Shaolan – Car je n’ai pas été présent. Nous …, non je me suis figé suite à ma déclaration à Sakura et ce n’est bon pour personne. Elle en a souffert car je ne lui ai pas dit ce que j’avais sur le cœur à temps et toi tu as dû en souffrir aussi, de bien des manières.
Tomoyo – Shaolan, non, je …
Shaolan – Réponds moi avec sincérité : es-tu heureuse ?
Tomoyo – Quoi ? Eh bien, oui, on peut dire cela.
Shaolan – Tomoyo. S’il te plait, je veux que tu me dises en toute franchise si tu es heureuse comme ça, dans cette situation.
Tomoyo – Je … Non. J’aurais préféré que les choses se passent autrement. J’aurais voulu que pour la première fois où je tombe amoureuse d’un garçon, cela se passe de manière plus simple, sans toutes ces complications. J’aurais souhaité pouvoir dire à tous que je suis avec toi.
Shaolan – Moi aussi. Et c’est pour cela que je dois parler à Sakura.
Tomoyo – Parler à Sakura ? Mais pourquoi ? De quoi ?
Shaolan – Calme-toi. Ne t’inquiète pas. Je veux juste que nous nous expliquions à cœur ouvert. Il faut que l’on franchisse ce cap.
Tomoyo – Mais pourquoi maintenant ? Tu devrais peut être attendre, nous venons à peine d’aplanir les choses entre nous et …
Shaolan – Je n’ai que trop attendu. Tu l’as dit toi-même, tu veux comme moi vivre notre histoire au grand jour. La seule chose qui nous en empêche, c’est ma relation avec Sakura. Il faut que nous débrouillions ce sac de nœud afin de prendre chacun un nouveau départ. Et comme ce départ, je veux le faire à tes côtés, je dois ne plus fuir mes responsabilités.
Tomoyo – Je ne sais pas. J’ai envie que cela arrive mais ce n’est peut être pas raisonnable.
Shaolan – J’ai discuté avec Yukito et Toya tout à l’heure.
Tomoyo
inquiète – Quoi ? Mais est-ce que ça va ? Il ne t’a pas frappé ?
Shaolan – Non mais dieu sait que je le mériterais. Ils m’ont fait comprendre mes fautes. Je suis responsable de tout cela, en tout cas de la manière dont ça s’est passé. Ca a commencé avec moi, cela doit finir avec moi.
Tomoyo – Et que vas-tu lui dire ? Si tu veux simplement t’excuser, lui redire ce que tu lui as dit la dernière fois, cela ne servira à rien.
Shaolan – Non ce n’est pas le but. Je veux poursuivre la conversation, aller plus loin et faire en sorte que Sakura réagisse vraiment. Qu’elle me maudisse, qu’elle m’insulte, qu’elle me frappe mais il faut absolument qu’elle sorte les sentiments enfouis en elle.
Tomoyo
s’extirpant de ses bras – Mais pourquoi ? Cela ne va pas l’aider, tu vas juste lui causer plus de chagrin.
Shaolan – J’ai quitté Sakura, c’est un fait. Qu’elle m’en veuille, qu’elle éprouve des ressentiments, c’est normal. Mais elle n’a jamais exprimé clairement ce qu’elle ressentait pour moi désormais.
Tomoyo – C’est vrai qu’elle évite toujours de parler de toi.
Shaolan – Alors tu comprends pourquoi je dois parler à Sakura.
Tomoyo – Je n’en suis pas sûr, c’est égoïste. Nous ne pensons une nouvelle fois qu’à nous.
Shaolan – A rester ainsi, la situation risque de stagner et même de gangréner, et nous n’aurons même pas pu vivre réellement comme un couple. Quand à Sakura, elle ne pourra pas passer à autre chose si elle pense que les choses peuvent revenir comme avant, si elle n’affronte pas la réalité et que mes sentiments amoureux à son égard ont disparu mais qu’il reste mon amitié sincère.
Tomoyo – Est-ce bien vrai ?
Shaolan
étonné – Quoi ?
Tomoyo
se retournant pour cacher son visage – Je suis navrée mais j’ai peur.
Shaolan
la prenant par les épaules – De quoi as-tu peur ?
Tomoyo – J’ai peur, peur que tu ne l’aimes encore, que si tu lui parles tu ne me quittes pour retourner auprès d’elle, peur qu’elle te séduise une nouvelle fois, peur d’être abandonnée. Sakura est une fille incroyable, gentille, mignonne, sportive, elle a un grand cœur, est prête à tout pour ceux qu’elle aime et elle est magicienne. Je ne pourrais jamais l’égaler, ne serait-ce que sur ce dernier point.
Shaolan
la forçant à le regarder – Tu n’as rien à craindre, tu es toi-même une fille extraordinaire. Regarde, tu as un si grand cœur que malgré toutes tes craintes, tu arrives encore à faire son éloge. Mes sentiments avaient changé avant que je t’embrasse. Je sais que ce que j’ai fait n’était pas bien, j’étais encore avec Sakura. Je ne lui avais pas fait part de mes sentiments à l’époque et voilà où l’on en est. Tout ceci résulte de mon indécision à aborder le sujet.
Tomoyo – Mais tu l’aurais fait souffrir aussi. Et quand elle aurait su pour nous …
Shaolan – Nous ne pouvons pas le savoir et nous ne le saurons jamais. Le passé est derrière nous et pour préparer le futur, je dois agir dans le présent.
Tomoyo – …
Shaolan – Je t’en prie, crois en moi.
Tomoyo – D’accord, je te fais confiance.
Shaolan
passant la main dans ses cheveux – Merci.
Tomoyo – Et quand comptes-tu lui parler ? Elle te fuira à l’école et chez elle tu ne pourras même pas entrer.
Shaolan – Disons qu’on m’a soufflé qu’elle serait au Temple mercredi après les cours. Je m’y rendrais avant et nous pourrons parler.
Tomoyo – Et qui t’a dit cela ?
Shaolan – Un ange gardien, qui a un sacré crochet du droit.
Tomoyo
étonnée – Toya ? C’est curieux qu’il t’aide. Enfin c’est vrai que si c’est pour Sakura.
Shaolan – Il est du genre à prendre soin de ceux qu’il aime, même si c’est d’une manière détournée. Et il tient à toi.
Tomoyo
surprise – Comment ? A moi ?
Shaolan – Oui, il m’a menacé si jamais je te rendais triste. Une raison de plus pour moi de faire ton bonheur.
Tomoyo – Je ne pensais pas. Il est si gentil, il faudra que je le remercie.
Shaolan
faussement outré – Le remercier ? De vouloir me frapper ?
Tomoyo
souriante – Il faut bien que quelqu’un me défende.
Shaolan
la prenant dans ses bras – Alors compte sur moi. Je ferai tout pour te rendre heureuse.
Tomoyo
se blottissant un peu plus – Je suis heureuse quand je suis auprès de toi.
Les adolescents goutaient à la joie simple d’être ensemble, auprès l’un de l’autre. Malheureusement la domestique apportant le thé interrompit ce doux moment, et repartit souriante après s’être excusée, laissant les jeunes gens gênés. Une fois remis, ils purent éclater de rire et profiter du reste de la journée.
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Le fameux jour était enfin arrivé. Shaolan se sentit fébrile. Pendant toute la journée il avait pensé à ce qu’il pourrait dire, ce qu’il pourrait faire si elle s’enfuyait, il avait même prévu chez lui de la glace au cas où elle aurait hérité des talents pugilistiques de son frère. Il avait dû rassurer Tomoyo le matin même, craignant qu’il soit trop tôt. Mais le jeune Chinois ne voulait plus reculer, il fallait le faire aujourd’hui.
La fin des cours arriva, et comme prévu il alla sans perdre de temps au temple. Sakura salua ses amis et prit le même chemin que chaque mercredi. Sonomi allait beaucoup mieux, mais elle se rendait toujours chez le médecin pour vérifier qu’il n’y ait pas de complication. Depuis la conversation avec Tomoyo après l’accident, elle avait retrouvé un peu la pêche mais elle n’arrivait toujours pas à être la Sakura d’avant. Elle ne savait pas pourquoi. En faisant mentalement la liste de ce qu’elle faisait avant et qu’elle ne faisait plus, elle s’aperçut que depuis un certain temps, elle n’avait plus répondu aux lettres de Kaho ou d’Eriol. Après tout elle avait eu des moments bien plus calmes ces derniers temps, elle aurait pu leur envoyer de ses nouvelles. Alors pourquoi ne pas l’avoir fait ? Avait-elle peur ? Mais peur de quoi ?
Kéro lui avait fait remarquer gentiment son manque de forme, la peluche sachant faire preuve d’une grande gentillesse et de compassion quand il le fallait. Quand elle y repensait, elle avait même eu la visite de Yué quand tout allait vraiment mal. Il s’était simplement tenu là devant elle, l’a entouré de ses bras et elle s’était mise à pleurer librement. Elle se rendait compte comme les choses avaient bien changé, Yué l’acceptait de mieux de mieux en mieux, et apparemment elle comptait pour lui, peut être pas comme Clow, mais elle comptait.
Les pensées se suivirent : Clow, le jugement, Eriol, Shaolan. Shaolan…
Elle en revenait à lui. Encore et toujours. C’était peut être là la clé du mystère. Une fois arrivée, elle alla prier comme d’habitude mais en plus, elle demanda au ciel de l’aider à redevenir celle qu’elle était. Une fois fait, elle alla machinalement vers l’étang aux prédictions, se demandant si son vœu allait être entendu.
Comme une réponse du destin, elle vit Shaolan planté devant elle. Elle n’en crut pas ses yeux. Cela faisait combien de temps qu’il ne s’était pas retrouvé en face l’un de l’autre. Elle déglutit difficilement et chercha autour d’elle s’il n’y avait personne qui aurait pu la sauver. Sauver ? Mais sauver de quoi ?
Le jeune homme faisait face, c’était le cas de le dire. Il ne pouvait plus faire marche arrière. Il avança vers la jeune fille. Celle-ci ouvrit les yeux un peu plus grands et commençait un mouvement de recul. Il préféra s’arrêter. Maintenant le plus dur : commencer la conversation. Cela faisait bien trois mois qu’ils ne s’étaient pas parlés, difficile de reprendre comme si de rien n’était. Mais Shaolan avait préparé cette rencontre depuis presque quatre jours.
Shaolan – Bonjour Sakura.
Sakura – … Bonjour.
Pourquoi faire compliqué quand on peut faire simple. Plutôt que d’essayer de commencer la conversation de manière maladroite, mieux valait faire comme si de rien n’était, comme s’ils se retrouvaient après un simple week-end.
Shaolan – Comment vas-tu ?
Sakura
complètement perdue – Bi…bien et toi ?
Shaolan – Pas vraiment.
Sakura
se laissant mener – Comment ça ?
Shaolan – Je sais que tu n’es pas heureuse. Et c’est pareil pour moi. Je pense que nous devrions en discuter.
Sakura
reprenant ses esprits – Quoi ? Je suis navrée mais je n’ai rien à te dire.
Sakura commença à faire demi-tour
Shaolan – Sakura, ne pars pas. S’il te plait, il faut que nous discutions.
Sakura
faisant volte face – Et pourquoi faire ? Pour me dire quoi ? Tu veux encore me briser le cœur.
Shaolan – Non, je veux juste que nous réglions ça, je veux que nous soyons amis comme avant.
Sakura – Comme avant ? Comme avant ? Mais avant nous étions plus qu’ami. AVANT TU M’AIMAIS.
Shaolan – Et je t’aime toujours, mais pas de la même façon. J’aime comme tu aimes Yukito.
Sakura – Ca ne marche pas comme ça Shaolan. Tu n’as pas le droit. Je… Tu es le premier dans mon cœur. Encore maintenant j’en suis sûre. Pourquoi m’as-tu fait ça ?
Shaolan – Nous avons eu de bons moments ensemble et c’est pour ça que j’ai pensé qu’il valait mieux que je sois sincère, que je te dise franchement le fond de mes pensées.
Sakura – Est-ce qu’il fallait que tu me quittes ? Tu ne m’aimais plus mais pourquoi ? Qu’ai-je fait ou n’ai-je pas fait ?
Shaolan – Il n’est pas question de ça. Ecoute, je suis là pour te dire la vérité. Tu le mérites.
Sakura – Et bien vas-y je t’attends. Quelle est cette vérité ?
Shaolan
prenant une grande inspiration – Je t’ai aimé, le plus sincèrement du monde. C’est pour cela que je te l’ai avoué avant mon départ pour Hong Kong. Pendant deux ans, malgré la distance, je t’ai toujours aimé. Quand je suis revenu, nous nous sommes aimés. Mais j’ai ressenti un changement en moi. Même si j’ai de forts sentiments à ton égard, ce n’était plus de l’amour dans ce sens là. J’aurais dû te le dire dès que j’ai éprouvé cela. C’est entièrement de ma faute.
Sakura – Donc au final tu ne m’as juste plus aimé ?
Shaolan – Non, c’est plutôt que mon sentiment s’est assagi, adouci pour quelque chose de différent.
Sakura commença à rire, un rire mauvais, qui laissa finalement place à la colère.
Sakura – Tu me prends pour une idiote. Aie au moins le courage de me dire vraiment ce qu’il en est.
Shaolan – Mais je te l’ai dit, c’est la vérité.
Sakura – Elle a bon dos ta vérité. Je dois juste comprendre que c’était la vie. Mais pourtant, malgré tout cela, tu as embrassé ma meilleure amie, alors que nous étions ensemble.
Shaolan – Je… Oui.
Sakura – Tu ne sais pas à quel point je souffre.
Shaolan – Effectivement, je ne sais pas ce que tu dois ressentir, je ne pourrais sans doute jamais, mais je sais que cela t’a blessé. Mais crois-tu qu’on puisse tourner la page ? Tenter de passer l’éponge, d’oublier pour qu’on reparte sur une nouvelle base d’amitié.
Sakura – Oublier ? Mais tu ne comprends donc pas ?
Shaolan – …
Sakura
s’énervant encore plus – T’oublier ? Je n’arrive pas à t’oublier. Comment veux-tu que je puisse t’oublier ? Je pense constamment à toi. Je souhaite toujours te parler de ce que je vois, de ce que je fais, de le partager avec toi. Mais tu n’es plus là. Plus là pour moi et c’est ça qui me blesse.
Shaolan – Sakura … Je …
Sakura – T’oublier ? Cela m’est impossible alors que tu sors avec ma meilleure amie. J’ai beau dire à Tomoyo qu’on est redevenue amie, il n’empêche que je lui en veux encore. Mais au-dessus de cela il y a ce sentiment de perte et de trahison de ta part.
Shaolan – Et que ressens-tu pour moi alors ?
Sakura
criant – Je ne le sais plus. Je sais que je t’aime mais je t’en veux aussi. Et je m’en veux de t’en vouloir. Et je me sens si mal. Mon cœur déborde de sentiments et je me noie dedans. Et il n’y a plus personne pour me secourir. J’attends et je ne vois plus ta main tendue vers moi.
Shaolan – Je suis là aujourd’hui pour ça. Je veux te sortir de là. Nous sortir de là.
Sakura criant – Mais à quoi bon ? Pour que tu m’abandonnes encore une fois que cela sera fait ? Pour que je ne puisse plus être avec toi ? Pour que plus jamais tu ne me prennes dans tes bras ?
Shaolan – …
Sakura
se calmant – Pour que je te regarde de loin ? Je ne veux pas. Je n’arrive pas à me passer de toi.
Shaolan – Sakura.
Sakura
se rapprochant – J’ai besoin de toi, de ton regard, de ton sourire. J’ai besoin de te savoir près de moi, prêt à tout affronter.
Shaolan – Je suis désolé.
Sakura
se collant à lui – Je veux te sentir contre moi, me retrouver en sécurité au creux de tes bras.
Shaolan – Sakura, que fais-tu ?
Sakura
lui caressant la joue – Je veux encore t’entendre me dire "Je t’aime". Je veux encore sentir tes lèvres sur les miennes.
Shaolan avait complètement perdu le contrôle de la situation et il se voyait se rapprocher du visage de Sakura. Jusqu’à ce qu’une voix se fasse entendre dans sa tête.
« J’ai peur, peur que tu ne l’aimes encore, que si tu lui parles tu ne me quittes pour retourner près d’elle, peur qu’elle te séduise une nouvelle fois, peur d’être abandonnée. »
Shaolan
la repoussant – Je… Je suis navré Sakura, je ne peux pas. Je suis avec Tomoyo.
Sakura
avec des éclairs dans les yeux – Pourtant cela ne t’a pas dérangé quand c’était avec elle.
Shaolan
d’une voix neutre – C’est parce que, elle, je l’aime.
La jeune fille ne put en entendre plus. Elle gifla son ancien compagnon. Puis réalisant ce qu’elle avait fait, elle fut horrifiée et recula.
Sakura – Je… Je…
Shaolan
se massant la joue – Non, ce n’est rien. C’est même la moindre des choses. Est-ce que tu te sens mieux ?
Sakura
au bord des larmes – Comment veux-tu que je me sente mieux alors que j’ai giflé celui que j’aime ?
Shaolan
souriant avec douceur – Peut être est-ce parce que tu ne m’aimes plus comme avant toi non plus.
Sakura – Quoi ?
Shaolan – Les gens changent Sakura. Ton frère, Yukito, Tomoyo, moi… mais toi aussi. C’est juste que tu n’en as pas pris conscience avant.
Sakura – Que veux-tu dire ? Je ne suis pas comme toi.
Shaolan – Qui sait. Je dis juste que tu commences peut être à changer et que comme moi, tes sentiments à mon égard vont s’adoucir. C’est bien possible.
Sakura – Non, ça ne se peut pas. Tu es le premier dans mon cœur, et cela restera ainsi.
Shaolan – Tu sais, j’ai finalement compris. J’ai été le premier qui a fait une erreur, celle de ne pas écouter mon cœur. Les premiers amours sont les plus beaux, les plus idéalisés mais ceux qui durent toujours sont très rares.
Sakura – C’était le cas de ma mère et de mon père.
Shaolan – Sûrement, mais ce ne devait pas être notre cas à nous. En tout cas à moi. Tous les mots de la Terre ne pourront jamais effacer mes erreurs, ni permettre de revenir en arrière. Non, à la place, je te propose qu’on aille de l’avant. Tu en as autant besoin que moi, si ce n’est plus.
Sakura
baissant la tête – Pour aller où ? Faire quoi ? Plus personne n’a besoin de moi, et toi non plus d’ailleurs.
Shaolan – C’est entièrement faux. Tu te rends compte de ce que tu dis ?
Sakura
criant – Sans toi ma vie n’a plus aucun sens. Je devrais peut être en finir.
Le Chinois savait qu’il fallait un traitement de choc. Son corps l’a compris avant son esprit et il n’a pu le réaliser qu’au moment où sa main atteignit le visage de la jeune fille.
Sakura – Tu...
Shaolan
énervé – Ne dis plus jamais de telles choses. Tu as pensé à ce que pourrait ressentir ton père s’il te perdait également. Et ton frère ? Même s’il ne le montre pas, tu es ce qui est de plus précieux à ses yeux ? Et Yukito, Tomoyo, Sonomi ? Et Kéro, les Cartes ? Et tous nos amis ? Tu y as pensé ?
Sakura – …
Shaolan
plus calme – Et à moi ? Tu as pensé ce que cela me ferait de te perdre réellement ? Pour toujours ? Que tu sois fâchée, que tu m’en veuilles, même si tu ne voudrais plus jamais me parler de ta vie, je pourrais le supporter. Mais si jamais tu venais à disparaître, je ne pourrais jamais m’en remettre. Tu n’as pas le droit de dire ce genre de chose. Tu n’as pas le droit d’y penser alors qu’il y a tant de personnes qui tiennent à toi.
Sakura – Je suis désolé, je ne voulais pas dire ça.
Shaolan – Non c’est moi, je n’aurais jamais dû lever la main sur toi.
Sakura
souriant amèrement – C’est la première fois que je te vois frapper une femme.
Shaolan – Je ne suis pas parfait Sakura. Bien loin de là. Je suis faible, je suis lâche, indécis. C’est par tous ces défauts que nous nous sommes retrouvés dans cette situation.
Sakura – Mais tu es plus que ça Shaolan. Tu es gentil, généreux, réfléchi, sérieux et persévérant. Tu as du sang froid et du cœur.
Shaolan – Est-ce qu’un homme comme ça, avec ses forces et ses faiblesses, pourrait être ton ami ?
Sakura – …
Shaolan – Sakura… S’il te plait.
Sakura
commençant à pleurer – Je ne sais pas. Je ne sais plus.
Shaolan – Dis moi ce que je peux faire. Dis-moi ce que tu veux entendre. Je suis prêt à tout pour qu’on soit de nouveau amis.
Sakura – Ecoute, je suis furieuse. Contre toi, contre moi, contre le monde. C’est moi qui t’aime le plus, tu le sais. Jamais Tomoyo ne pourra t’aimer autant que moi.
Shaolan – Mais ce n’est pas un concours. Je ne choisis pas selon les résultats, c’est simplement mon cœur qui parle. Tu dois changer.
Et moi aussi il faut que je change. Je dois avancer. Si je reste là à me morfondre, à rester avec le poids de mes fautes, à les contempler, je ne pourrais jamais être heureux. Et même si cela peut paraître horrible de te dire cela, je te le dois à toi aussi.
Sakura – Tu me le dois ? Serais-tu en train de te moquer de moi ?
Shaolan – Pas du tout. Mais si je t’avais quitté pour ne pas connaître le bonheur, crois-tu réellement que cela aurait un sens ? Crois-tu que toi, tu pourrais être plus heureuse sachant que tout ce qui est arrivé n’aura finalement servi à rien ? Je sais que cela peut paraître égoïste de penser ainsi, mais il faut se dire que je nous rends service à tous les deux.
Sakura – C’est la meilleure. Et donc je devrais peut être te remercier. Te remercier de m’avoir quittée, de m’avoir abandonnée pour ma meilleure amie.
Les larmes venant – De me laisser seule face à ma peine alors que toi tu as le droit d’être heureux.
Shaolan – Bien sûr que non, je n’ai pas dit cela dans ce sens. Mais sache que ce qui est arrivé était inéluctable, le hasard n’existe pas. Les choses n’ont pas évolué comme tu l’aurais souhaité, et je le déplore. Cependant je ferais tout pour vivre ma vie en supportant le poids de mes pêchés et en recherchant le bonheur. Ainsi j’atteindrai un équilibre qui me permettra d’avancer.
Et tu dois faire de même afin d’être heureuse. Tu es quelqu’un de bien Sakura, je te l’ai déjà dit mais tu as un grand cœur. Toi plus que quiconque mérite de trouver le bonheur.
Sakura
pleurant franchement – Mais est-ce possible pour moi ?
Shaolan
avec un sourire bienveillant – Bien sûr, c’est possible pour tout le monde. Mais pour cela, tu dois accepter le changement.
Sakura – Mais si je change, je vais tout perdre.
Shaolan – Non, le changement n’a pas à être une remise à zéro. De même que les Clow Cards qui ont dû abandonner leurs précédentes formes pour survivre, tu dois abandonner notre histoire pour pouvoir avancer sur une voie qui te mènera vers le bonheur.
Tu n’as pas à oublier tous nos souvenirs mais il ne faut pas t’y raccrocher pour vivre.
La jeune fille fondit en larmes. Quelque chose était en train de s’envoler. Le poids énorme qu’elle avait sur le cœur disparaissait au rythme de ses larmes. De son côté, l’adolescent se sentait mieux, ses premiers pas vers l’avenir venaient d’être fait. Il pouvait agir sans crainte et c’est ce qu’il fit. Shaolan prit Sakura dans ses bras, afin qu’elle se laisse aller complètement.
Une fois ses yeux vidés, et le haut de Shaolan trempé, Sakura put enfin revoir le visage d’un ami.
Shaolan – Est-ce que ça va mieux.
Sakura
séchant une dernière larme – Oui. Mais je suis navrée, j’éprouve encore des sentiments pour toi, je le sais.
Shaolan – Je me doute que ça n’a pas pu disparaître comme ça. Mais c’est un début. Penses-tu qu’on pourra de nouveau être amis ?
Sakura – Un jour Tomoyo m’avait dit : « Le plus important, c’est de savoir que celui qu’on aime est heureux ». Cela va prendre du temps, mais… Parce que je t’aime, je pense que je vais pouvoir guérir et qu’on sera de nouveau amis, un jour.
Shaolan
souriant – Je suis prêt à attendre. Et sache que tu pourras toujours compter sur moi.
Sakura
lui rendant son sourire – Oui je sais. Tout ira bien.
Se sentant plus à l’aise, la jeune fille commença à rentrer chez elle, la tête haute, le visage délivré d’une partie de sa tristesse. Elle savait qu’il lui restait encore des larmes, qu’elle en verserait encore mais comme lui avait dit Shaolan, il fallait changer.
Le Chinois regarda la silhouette de son amie disparaître. S’assurant qu’il n’y avait personne autour, il alla vers un banc et s’écroula. Toutes ses forces semblaient l’avoir abandonné, pire que la fois où il avait enchainé les compétitions de quatre clubs de sports.
Il se sentait mieux. Désormais, il pouvait aller de l’avant, malgré ses fautes. Et c’est en pensant à la première chose à faire qu’il retrouva toute son énergie.
Tomoyo alla répondre à la porte. Sa mère n’étant pas là et elle n’attendant personne, elle se demandait qui est-ce qui venait à cette heure-ci.
Tomoyo
surprise – Shaolan ? Mais qu’est-ce que tu fais là ?
Shaolan – J’avais envie de te voir. Puis-je entrer ?
Tomoyo – Bien sûr, je t’en prie. Allons dans ma chambre.
Shaolan – Non attends. Je veux te dire, j’ai parlé à Sakura.
Tomoyo
légèrement anxieuse – Et donc ?
Shaolan – Et bien le chemin sera long avant qu’on ne soit de nouveau ami, mais je pense qu’on a fait le premier pas.
Tomoyo
soulagée – C’est vrai ? Je suis contente que ça se soit bien passé.
Shaolan – Mais ce n’est pas tout.
Tomoyo – …
Shaolan – J’ai choisi d’aller de l’avant. Et mon avenir, c’est avec toi que je veux le construire.
Tomoyo – Qu’est-ce que tu…?
Shaolan
souriant – Je t’aime Tomoyo. De tout mon cœur, de toute mon âme.
Tomoyo
quelques larmes pointant au coin des yeux – Shaolan… C’est la première fois que tu me dis ça.
Shaolan – Et je te promets que ce ne sera pas la dernière.
Tomoyo – Oh Shaolan, moi aussi je t’aime.
Ne tenant plus, la jeune fille accrocha ses bras autour du cou de son bien-aimé, se mit sur la pointe des pieds et l’embrassa. Elle voulait lui prouver ses sentiments. En mettant fin au baiser, ils purent lire dans leurs yeux que c’était le véritable début de leur histoire.
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