Un texte original ^^
Suites possibles...
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I Le Marcheur de Rêves
Il voyage, seul, d’une terre à l’autre. Il traverse des mondes différents les uns des autres et pourtant tous liés. D’un simple pas, il passe d’un désert peuplé de monstres à une forêt humide remplie de lutins. Partout où il passe, on le prend pour un fou quand il raconte ses histoires, mais il attire des dizaines de badauds avides d’aventures. On l’appelle le Marcheur de Rêves, celui qui vit dans les rêves. Lui accepte ce surnom, mais parce qu’il dit marcher dans les rêves du monde.
Quand on lui dit qu’il est fou, il répond que la folie et la réalité sont relatives. Après tout, tant qu’on rêve, qui peut dire où est la réalité ?
Quand on lui demande quels sont ses rêves, il répond qu’il ne rêve pas, qu’il n’a jamais rêvé. Pourquoi rêver quand on vit à travers les rêves des autres ? Les rêves sont sa vie, sa vie est un rêve. Voilà comment il se définit.
Tout le monde l’a vu au moins une fois et a quelque chose à dire sur lui. Beaucoup le croient fou, lui les considère comme endormis et aveugles face au monde qui les entoure et au pouvoir de la réalité des rêves. Alors, il voyage seul, incompris, isolé.
Pourtant, il y a un jeune homme qui le croit, qui est curieux, lui pose des questions, veut comprendre, et le suit à chacune de ses étapes.
- Si tu traverses les rêves, cela veut-il dire que nous sommes nous-mêmes des rêves ? lui demanda un jour le jeune homme.
- Pour moi, ces rêves sont la réalité, et tu es aussi réel que moi ou n’importe qui. Interroge-toi plutôt sur ce qu’est la réalité, et si les rêves n’en sont pas une extension. Voire même l’expression.
- Par définition, c’est impossible, et…
- Et pourquoi ? dit le Marcheur en lui coupant la parole et se retournant vers lui. En quoi est-ce impossible ? Qu’est donc la réalité, selon toi ? Ce que tu peux voir, sentir, toucher, ou toute autre sensation ? Si oui, alors, pourquoi tout ce que tu vois là ne serait-il pas réel ?
Le garçon resta la bouche grande ouverte face à cette question, voulant répondre, mais ne sachant pas quoi. La logique du Marcheur le désarçonnait et le faisait vaciller sur l’autel de ses certitudes.
Le voyage continua, à travers des paysages irréalistes, mais pourtant si réels. Comment une montagne pouvait-elle flotter au-dessus d’un désert, lui-même traversé par une rivière, où buvaient des animaux nés de plusieurs races ? Il n’y avait pas de réponse, mais c’était là, devant les yeux du jeune homme, et il pouvait en sentir chaque odeur.
Soudain, le Marcheur tira un coup de feu, abattant une créature semblable à un poulet. Il allait dépecer sa proie et préparer un feu pour le repas quand le jeune homme revint lui parler.
- Il… Il est mort ?
- Bien sûr. Et on va bientôt pouvoir manger.
- Je veux dire… Si ceci est un rêve, alors… On peut mourir dans un rêve ?
- Que t’ai-je déjà dit à ce sujet ? Si tu peux te sentir mourir ici, tu mourras aussi sûrement qu’ailleurs. Pourquoi la douleur et la mort ne seraient-elles pas réelles, si on peut les ressentir ? Ne sous-estime JAMAIS le pouvoir d’un rêve sur la réalité, en supposant que tu ne sois pas en pleine confusion entre les deux.
- Mais si ce n’est qu’un rêve, la mort est un réveil…
- Et si ce n’est pas un rêve ? Fais très attention. Naviguer entre les deux univers peut être troublant.
Les deux acolytes commencèrent leur repas, sous les yeux d’un troisième homme, debout au sommet d’une colline un peu plus loin. Celui-ci sortit soudain un fusil surmonté d’une lunette. Invisible, dans la lumière du soleil qu’il avait dans le dos, il prenait le temps de viser.
Le coup partit pendant que le jeune se relevait, la balle traversant sa poitrine de part en part avant de s’écraser dans le sable.
La victime tomba sur les genoux, la main sur la poitrine, ne pouvant endiguer le flot de sang. En voyant sa main couverte du liquide vital, le jeune homme se mit à légèrement sangloter.
- Ce n’est pas possible… On ne peut pas saigner dans un rêve… Je vais me réveiller, maintenant, et revenir plus tard…
Mais le Marcheur de Rêves, lui, ne disait rien. Il savait que les rêves des gens étaient sa réalité, qu’il y vivait et y mourrait. Et il savait que quelqu’un mort dans un rêve ne pouvait plus revenir, car il ne pouvait plus rêver. Le jeune homme était mort dans la réalité des rêves.
Comme le lui avait dit le Marcheur, si on peut ressentir les choses, pourquoi ne seraient-elles pas réelles ? Ce fut sans doute la dernière question qu’il se posa, avant de s’éteindre. On le retrouva mort dans son lit, sans aucune explication rationnelle. Il n’était pas le premier à mourir ainsi, sans raison, au cours de la nuit, et il ne serait sans doute pas le dernier.
Le Marcheur, lui, continuait d’explorer l’étendue infinie des terres des rêves, éliminant les causes de cauchemar, vivant seul, pourchassé par cet homme vêtu de noir qu’il ne réussissait ni à fuir, ni à tuer.
La dernière fois qu’il essaya, l’homme lui dit que le tuer serait un suicide et qu’ils mourraient tous les deux.
- Qui es-tu ? lui demanda le Marcheur.
- Toi. Ton ombre. Tes ténèbres. Choisis.
Et il disparut à nouveau sur ces paroles, prêt à semer la mort dans le sillage du Marcheur comme il venait de le refaire aujourd’hui.
La colère et la frustration l’envahissaient. Il était le Marcheur de Rêves, celui qui passe à travers le monde des rêves où tout devient possible, et il ne pouvait éliminer cette menace… Il savait que la clé de ce mystère existait, quelque part, dans un esprit.
Mais il n’imaginait pas où le mènerait cette quête folle…
Les Messagers de la Mort
Au Jeu des Trônes, il faut vaincre ou périr. George R.R Martin -
Le Trône de FerLe bien et le mal ne dépendent pas de ce qu'un homme fait, mais de ce qu'il ressent. Philip K.Dick
Le Mal est relatif, annaliste. On ne peut pas lui mettre d’étiquette. On ne peut ni le toucher, ni le goûter, ni l’entailler avec une épée. Le Mal dépend de quel côté on se trouve, de quel côté on pointe son doigt accusateur. Glen Cook -
La Compagnie Noire